Bleu de méthylène
27.11.10Bleu perçant de ton regard dans le mien. Prunelles intenses qui n’appartiennent qu’à toi, uniques dans une famille d’yeux doux verts marrons. Tu es seule, dans ton cintrage, vision obtuse, regard haut, froid, tu m’épies, me juges, ta façon d’aimer sûrement. Mais ce sentiment, si on peut le nommer ainsi, est circonscrit dans ton regard qui roule puis tranche, il est procureur de tes regrets, messager de tes reproches. Il est le bleu que tu verses sur moi, un méthylène qui me marque et me suit depuis toujours, il est l’oxydant qui nous ronge et nous sépare.
Et les marques perdurent, taches indélébiles de nos absences, traces qui colorent nos silences. J’en suis saturé au point de ne plus te voir, plus la force d'opposer ce regard requérant qui, à la moindre évocation de vie, viendra jeter une nouvelle fronde sur mes défauts. Pourtant, il faudrait que je t’affronte. Il ne tient qu’à moi de contrer ces éclaboussures, de soutenir ton azur planté dans ma tête, de refuser ta manière de répandre sur moi le bleu feutre de mes misères. Je n’ai rien à attendre de toi, tout est en moi, en contre, noir doux de mon regard dans le tien.