Gauloise
8.11.10Elle est effluve ancré dans ma mémoire, souffle sur ma joue. Enroulée à un air sec, elle est parfum mêlé de ses terres, âpre, rueuse en bouche, marque de l’autorité qui peut battre, de la voix éraillée que j’écoute, toujours. Elle est prolongement de sa nature, appendice clouée à sa bouche, contenance entre ses doigts jaunes et craquelés, sa main posée sur mon épaule. Elle est combustion, feu sacré à la commissure des lèvres, masque de ses fêlures comme le petit jaune qui coule dans son gosier, balancée sur le zinc, une tape dans mon dos. Elle est repère dans l’assemblée, virilité inculquée, phare rouge de mon errance, l’allumette qui craque dans la cuisine, la lueur dans ses yeux. Elle est fierté, appartenance au groupe, couleur d’un pays rural aussi dur que le casque aux ailes sur le paquet, liberté toujours, la pièce de cinq francs qui roule sur le comptoir. Elle est bleue, sans filtre, volutes du souvenir, brune comme sa peau tannée au soleil, son visage lézardé qui me sourit. Elle est pensée continue, émanation de lui dans ma vie, il me laisse tirer une taffe en paix.