Il était trop haut
4.7.11
Il était haut, trop haut, et les corneilles ou autres oiseaux à l’envie de se goinfrer l’avaient complètement dépouillé, par les branches les plus basses, ces idiots, eux qui peuvent voler et atteindre pour nous les inaccessibles. Au moins une heure de marche avant d’arriver à son pied, chemins escarpés et forte pente, mais dans les paroles de mamé, le plaisir était au bout. Ce plaisir simple, sur les chemins de terre jaune, les pieds dans des sandalettes qui glissent sur les cailloux, l’odeur du printemps achevée sur nos pas, il fallait avancer et le sourire, la faconde de mon aïeule, les histoires d’antan à chaque tournant, m’aidaient à cheminer vers l’arbre tant désiré. C’était arriver tout prés, la joie dans les oreilles d'entendre les piafs déguerpir. Derrière la barrière, au bout de la vigne, il était là, planté à nous attendre. Sauter et courir les derniers mètres, le rouge dégoulinant déjà dans ma bouche et arriver, tourner autour, déplorer les éclatées sur la terre, les pourries sur branches, les picorées peu de chair. Et grimper, les genoux qui râpent l’écorce chaude, atteindre les plus gorgées et les arracher sans les queues sous les cris de mamé et son panier d’osier. Les presser légèrement entre les doigts pour sentir leurs joues rouges mouiller mes doigts de soleil, puis les gober une à une la bouche en éclat de sucre. Ça pègue les mains ! M’en foutre partout, le short tâché et le torchon de mamé qui claque mes fesses pour me faire descendre. Il est trop haut, tu vas de casser la margoulette ! Redescendre, panier rempli à picorer pour le retour, trainer dans les ruisseaux, ne pas vouloir rentrer caché en contre-bas du chemin et la couleur des yeux de mamé, comme des cerises éclatées.