Dégonfle de @FrancoisBonneau #VasesCommunicants

1.6.12

Dégonfle de François Bonneau #VasesCommunicants
crédits photo AFP, Sergei Supinsky

C’est mon baroud, dégonfle-moi, je te le hèle, je te le claque comme à un amant. Dégonfle-moi fort, dégonfle-moi tendu, aplatis-moi pour me rouler plus fin, je serai ton Rizla, crois en ma reddition, en ma déférence, je suis à toi.

C’est ma révérence, mon révolté lointain, démembre-moi sévère d’un millier de vœux pieux. Fais de moi ta mouche bleue arrache-moi toutes les pattes, goûte à mes yeux facettes, pince mon abdomen, qu’une purée jaunâtre s’échappe, peut-être, de mes déchirures. Fais-le moi, fais-moi tout.

Me haïr te berce et t’aide à mieux dormir. Me haïr te picote et fait luire ton orgueil, j’aime à voir ta fierté que je lèche et suçote. Frotte-moi contre tes plis.

Je n’ai qu’un seul pied. Qui descend bas, loin dessous, puis se promène, et devient mycélium. Ça grouille encore sous terre. Ça atteint d’autres lointains. Pas dans ta direction, jamais, tu peux dormir.

Cueille-moi donc, c’est mon baroud. Il en repoussera encore, un peu plus tard et plus loin, d’autres salauds comme moi qui broient des populaces. D’autres comme moi, encore à dégonfler. Jamais dans ton périmètre. Plus tard, tu pourras maudire, encore. J’aurai été utile. Et j’aurai bien vécu.


François Bonneau

Je reçois aujourd'hui François dans le cadre des vases communicants de juin. La consigne que nous nous sommes imposés est simple : écrire sur ou à partir d'une photo choisie et celle-ci de Sergei Supinsky (AFP) sur laquelle l'on peut voir "un indigné ukrainien qui porte le masque de Guy Fawkes lors d'une manifestation à Kiev contre le projet d'un nouveau code du travail." nous a frappés tous les deux, l'air du temps certainement.
Vous pouvez lire mon texte en échange sur le blog de François irregulier.blogspot.com. Retrouvez également François sur publie.net dans le très bel ouvrage numérique sorti au mois de novembre dernier : Millimètres. Extrait.  
La liste des vases communicants est disponible sur le blog éponyme et c'est ici.

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