Travaux

À la faveur de travaux, la rue perd sa rectitude. La traverser devient un défi : sauter de planche en planche, une épreuve que certains peinent à réussir en bougonnant ; d’autres l’ignorent, longeant le bord du trottoir, s’appliquant — un pied devant l’autre, bras écartés — à sourire à l’enfant qu’ils étaient, dans le bonheur des marges.
  • 9.6.25

Arum

Je ne t’ai jamais déposé de fleurs. Ne m’en tiens pas rigueur. Je n’ai pas la nostalgie fleurie mais la mémoire aussi fragile qu’un pétale d’arum. Mon hommage passe par une parole creuse que je tire à l’infini. Un langage de peu d’éclats comme la fleur sauvage qui pousse à la lisière de ton ruisseau. Elle y trouve l’eau et le calme souterrain de la terre. La tige grimpe longue, fière et droite et me tend un calice blanc et violet qui s’ouvre comme un deuil. Est-ce un hasard si l’arum dégage cette odeur si particulière de charogne ?

2016
  • 8.6.25

À travers un verre

Je regarde à travers un verre l’étrange déformation du dos d’un livre. Prises dans la matière ciselée, les couleurs fuient sur les bords. Il semble qu’elles bavent et que l’ordinaire s’en effraie. 
Le titre, le nom de l’auteur mutent : un A devient un B, un C allongé une corne ; un E tire la langue tandis qu’un F me lance une flèche multicolore. Je bois un peu d’eau, repose le verre qui reprend son kaléidoscope multipliant contorsions et métamorphoses. 
Je continue ainsi jusqu’au verre vide qui, par la condensation, se voile d’une buée de plus en plus opaque. Lentement, les couleurs s’éteignent, les lettres retrouvent leur place. Le livre disparaît, une certaine joie aussi. 
  • 7.6.25

J’aime le jardin de mon père

J’aime le jardin de mon père, avec ses grillages troués, ses allées mal dessinées où la terre se fait la belle dès les premières pluies tombées.  

J’aime le jardin de mon père, ses allées de tomates tordues, ses ravines où l’eau coule mal, résiste à des poignées d’herbes dressées là comme des barrages. 

J’aime le jardin de mon père, ce petit foutoir aux arrosoirs percés, aux seaux en plastique brûlés, aux vieux outils de fil de fer ou de chiffons rafistolés.

J’aime le jardin de mon père car il reste dans ma mémoire le lieu qui ne ressemble en rien à l’éducation stricte et ordonnée qu’il a tant voulu me donner.

2020
  • 6.6.25

Sur le palier

Je vais ouvrir la porte sans y penser, la refermer sans me retourner, glisser les clés dans ma poche.

Je vais dire bonjour sur le palier au voisin, qui aura refermé sa porte sans y penser, se sera retourné…

M’aura salué, les yeux mal allumés sur ce nouveau matin parmi tous les matins futurs et passés dont on peine à trouver les clés.
  • 3.6.25

Visages

Il y a les visages de l’enfance 
ouverts ici comme des paysages

— soudain, par je ne sais quel artifice,
revenus d’une mémoire cabotine. 

En parler du fond de leur nuit, 
est-il façon de les faire revenir ?

Vanité du poème que de remplacer 
les regards par des mots.

2020
  • 1.6.25

De loin en loin

Je vois le père au loin,
Il ressemble à une tache
de soleil dans les yeux. 

Il travaille aux taupinières,
point flou persistant, debout
sous l’orgueil du souvenir. 

Je ferme un temps les yeux
comme on serre les poings,
je te vois, de loin en loin. 
  • 31.5.25

Il parait

Il paraît que les vieux chagrins restent sur nos visages, qu’ils tracent leurs sillons, pore après pore, année après année, jusqu’à devenir les chemins de traverse qu’empruntent nos rides pour nous aider à sourire.

2020
  • 30.5.25

La lumière des autres

Il fait un jour plein de la lumière des autres. 
La lueur des gens heureux que l’on voit au fond des yeux venir manger nos visages ; cette lueur-là aime à se balader sans heurt parmi les autres, dont l’humeur tombe trop souvent comme des paupières lasses. Elle résiste à toutes les épreuves, au mauvais temps qui va et qui se pose sur nos joues mais aussi aux petits abandons qui longent les routes et toutes les tristesses qui les traversent.
Il faut s’attarder près d’elle, en prendre régulièrement des surdoses, s’y exposer longtemps pour recharger les sourires. 
Il fait un jour plein de la lumière des autres.

2019
  • 28.5.25

Hissez haut

Il n'avait pas vu la voile se hisser, se tendre vers le ciel comme pour toucher les nuages. Il lui avait fallu se ronger de l'intérieur, pourfendre l'ennemi qui se logeait entre les noeuds de son ventre pour enfin croire au vent. Puis il y eût la vague et ses caprices, la caresse puis la grêle. Le gros grain qui envahit l'écoutille et la marche maladroite d'un homme contre l'adversité. 
Il n'avait pas vu au loin la marée montante. L'immensité de la mer dans l'étroitesse de sa vie. Submergé, il cherchait au pied du mât les étoiles à jamais perdues.

2017
  • 27.5.25

Midi trente

La nuit a chopé une mélancolie, l'a serrée au cou sans arriver à s'en défaire.
Depuis, la matinée a des allures de marin qui ne rentrera jamais au port.

Heureusement, à midi trente, le voisin a entonné La belle de Cadix.
L'après-midi n'a plus qu'à se faire des yeux de velours.

2017
  • 26.5.25

Le réveil

Encore un peu d’obscurité 
pour terminer l’éternité.

Un décibel monte trop haut,
une porte craque – le réveil. 

Un rêve tire sur les bras,
le jour gonfle les joues. 

Retenir ce qui fuit,
l’histoire incroyable de soi.

2023
  • 23.5.25

Cueillir des ronces

Il fait un jour à cueillir des ronces.
Juste pour le plaisir de l’égratignure. La peau éraflée pour à nouveau se sentir vivre. On pourrait couper à travers bois, piétiner fourrés et bauges avec la crainte d’un sanglier tapi sous les hautes herbes. On serait heureux de sentir nos corps réagir à l’approche d’une clairière. Nos mains en sang mais nos cœurs feux de joie.
Il fait un jour à cueillir des ronces.

2020
  • 22.5.25

On voit

On voit la mer
changer de temps,
changer de rôle. 
On voit s’arrondir nos dos,
souvenir des vagues anciennes
et quand elle perce 
à jour nos complaintes,
on voit rouler 
sur nous toutes les pertes.

2019
  • 20.5.25

Le quai

De l’enfance, je retiens le quai surplombant la rivière. Le saut dans la vie que c’était de se dresser debout sur le muret au bord du vide que l’on appelait Espace, à rester là à boire le corps de l’autre, le corps ami sous un soleil qui rendait prétentieux. Petits corps sans esprit à jouer la vie près du précipice, à relever le défi ultime : cap ou pas cap de plonger puis de nager dans la vase jusqu’au bout de la rivière ?
Le quai qui fait grandir : l’espace d’un instant, y revenir est un vertige.

2020
  • 18.5.25

Question

Chaque matin, se demander de la lumière ou de l’ombre laquelle commence la première, à monter pour l’une, à descendre pour l’autre ; et si ce mouvement premier et les suivants, s’imprimant sur le mur à une vitesse croissante, ont un simple but décoratif ou le dessein plus important de bouleverser le monde.
Je me demande ça, puis très vite n’y pense plus.



  • 18.5.25

Rétractile

Le temps se pose sur le rebord de la fenêtre. Le temps est jaune avec des pépiements d’oiseaux dans les oreilles. Le temps picore des miettes de lui-même, s’étire puis se recroqueville, exercice plus psychique que physique. Le temps se moque des oiseaux, des petits rires que font leurs va-et-vient sous son nez. Les oiseaux se moquent du temps jaune et rétractile comme une griffe. Ont-ils seulement conscience d’une fenêtre, de la couleur jaune, de la durée, du type qui les regarde toujours médusé ?
  • 17.5.25

Désordre

Dehors est en désordre,
une main soulevant le ciel
joue avec les lois du paysage.

Ma géographie devient folle,
je vois sens dessus dessous.
À mes pieds rôdent des nuages
et lasse ma tête rase le bitume. 

Vertige en aplats de couleurs,
dehors est en désordre,
saoul comme un tableau cubiste.
  • 15.5.25

Écosser

Il fait un jour à écosser des haricots.
Midi surplombe la table de la cuisine. Le soleil par la fenêtre tente de se frayer un chemin dans les rideaux. Il faut tirer le mauvais, clic et clic dans le silence. Quelques insectes se prennent dans le papier tue-mouches. Maman et moi à regarder plus haut que de nos yeux. À s’échanger des paroles molles sur le tapis de cosses. Compter les bouts de nos vies dont on n’a jamais rien dit. 
Il fait un jour à écosser des haricots.

2020
  • 14.5.25

Les osselets

Il y a la brume soulevée par le matin,
la voix suspendue au premier cri.
L’enfant s’ébroue et la roue tourne,
à chaque cran la nuit glisse. 

Derrière la fenêtre je compte
les osselets dans la cour de récré 
pour à mes yeux dissiper la brume
et ramasser le regard qui tombe.

2022
  • 13.5.25

Ce qu’elle veut de moi

Par la fenêtre les bruits de la ville
passent au tamis de mes oreilles.

Ici dans le lit où je sommeille, je tiens
dans ma gorge le cri des oiseaux. 

La rumeur des moteurs, le son épais
des roues viennent comme un baume. 

J’entends, et c’est étrange, la légèreté
d’un nuage faire ce qu’elle veut de moi. 
  • 11.5.25

Le compte

À l’arrêt de tram, deux jeunes gens sur un banc. Un, deux, trois puis vite cinq, six… j’en perds le compte. Le compte de ces baisers légers par saccades échangés comme deux oiseaux picorent leur mie de pain. Petits coups de bouche, petit air frais avant que le tram, ce rapace, ne les fasse disparaître. 

2019
  • 10.5.25

Tasseau

Rien ne pose sur le sol un pied sûr ; 
les idées trottent en elles-mêmes. 

Le ciel bas de plafond cherche
quelque esprit dans un œil vide. 

Trouver un sens dans la mêlée
de ses nuages tient de l’épopée. 

Il faudra bricoler un tasseau
pour fixer le point du jour

— ou se laisser aller.
  • 9.5.25

Nuage de lait

Une parole s’éteint sous la lampe,
plus aucun mot pour dire l’ombre.

La soif abonde sous tes lèvres
mais personne pour la diluer.

Pas même ce nuage de lait
qui cherche sa tasse de thé.

2018
  • 4.5.25

Croire

L’histoire dénoue une boucle
dans le buisson de tes cheveux.

Un herbier entre les pages
raconte la fronde des amours.

Le reste est taillé dans le réel
auquel on a cessé de croire.

2018
  • 3.5.25

Lumière !

Voilà la lumière qui se déguise 
sous le vol des oiseaux. 

De fines lames, éclats coupés
de leurs ailes, arrivent aux choses. 

Par moments le coin de la table,
l’ovale d’un vase, s’en trouvent aiguisés. 

Lumière ! Pointe d’acier ou d’or,
tout part du seul regard. 
  • 2.5.25

Ce qu’il te plait

Si on regardait les jours
défiler sous les arbres,

s’abriter des ombres 
que les branches agitent,

ce serait rendre 
nos vies plus rassurantes,

débarrassées de tous
les soleils qui aveuglent,

ici au calme précieux 
de l’ondulation du temps.

2019
  • 1.5.25

Chemins

Des traces d’avenir sur le sable,
des rêves coincés entre les murs.

Au bout de ton crayon de bois,
ces lieux intimes mal dessinés

dont il suffit de se souvenir
pour savoir combien ils étaient libres. 

Qu’as-tu fait de tes chemins d’enfance ?

2020
  • 29.4.25

Signe

Je cherche un signe dans la maison
qui tirerait le silence de mon poing. 

La vibration vient de la fenêtre,
pleine du sommeil des autres. 

Un éclat rôde sur la vitre,
paupières ouvertes sur la ville. 

J’ouvre la main.

2022
  • 27.4.25

Pagaille

La vie bat les tempes, bourdon
d’antan et d’aujourd’hui, parole
cacochyme, sifflement de serpent.

Par où s’insérer, trouver sens
dans ce qui part en fanfare 
et revient tapiner dans le froid. 

Écrire en traçant ses courbes,
sinusoïdes femelles, cimes mâles,
la vie vaut bien une telle pagaille. 
  • 26.4.25

Bel ennui

Je me donne à l’ennui
comme à une maîtresse,
avec envie et discrétion. 

Personne ne doit savoir 
les perversions de l’âme,
l’étrange indignité des songes. 

Mon bel ennui, je te chéris 
pour tout ce que tu donnes 
à mentir et à espérer.
  • 25.4.25

Tour

La lumière se vide d’elle-même 
s’accroche quelque part
où mon œil ne sait pas aller. 

Le jour va jouer des notes
de nuit longue — requiem 
pour un paysage d’ombres. 

La lumière va parler de croches 
de portée musicale à d’autres
que mon oreille n’entend pas. 

J’attends mon tour.

2022
  • 24.4.25

Faim

La nuit à peine dégagée
que déjà le ciel flamboie.

Où sont passés les chiens galeux
qui hurlaient nos petites morts ?

Les voisins pleins de sommeil
écartent le soleil des balcons.

On pourrait encore avoir faim
que personne ne le remarquerait.

2018
  • 22.4.25

Presque

On a rouvert les fenêtres
pour que l’air balaie nos visages.

De la rue on entend des voix
sous le murmure du tramway.

Une mouette égarée s’offre
une pause sur le toit d’en face.

Un enfant éclate de rire
et un ballon de baudruche.

Il ferait presque doux.

2019
  • 20.4.25

En voilà des questions !

Par quel miracle aujourd’hui
se tient encore debout 
face à moi qui le regarde ?

Qui tire la ficelle toujours 
plus mince que la veille
et, à la fois, à jamais si solide ?

Qui me protège ainsi,
la joie au bord des yeux
comme un pilier au milieu 
du préau de l’enfance ?
  • 19.4.25

Fougère

J’ai la voix humide, la chanson d’un ruisseau dans la tête. J’ai le nez au frais, le front pas très haut, les idées dans un petit chaos qui donne le tempo. Il fait pas beau mais ça fait rien.

Je regarde le haut d’un sapin qu’aucun vivant n’a jamais touché. Ça fait rien.
J’ai un chemin sous les pieds. Je vois le temps. J’aime la chanson du ruisseau. 

Dire que j’aurais pu naître dans la peau d’une fougère.
  • 17.4.25

Mon rêve

Mon rêve n’a aucune imagination
il parle seul, je n’existe pas pour lui 
comme s’il était rêvé par un autre. 

J’ajoute un oreiller, un traversin
change de position dans le lit
sur le dos, ventre, côté droit ou gauche. 

Rien n’y fait, mon rêve m’ignore
aussi plat qu’un épisode de Derrick
il n’obéit à aucune illusion. 

Mon rêve commence à m’emmerder. 
  • 15.4.25

Échafaudage

Du sable sous les yeux,
un reste de nuit crisse
en rabattant le drap du jour.

On entend le ciel monter
sur son échafaudage 
la voix serrée d’un enfant

Un linge humide posé
sur les paupières suffirait
pour retourner au rêve.

2018
  • 13.4.25

Va-et-vient

Les heures entrent par une porte 
ressortent par une autre,
va-et-vient parmi les ombres. 

Je cherche une durée,
ne trouve qu’un manège animé
par la mécanique des retours. 

Je passe par le trou de la serrure
en quête de l’instant qui sait ralentir.

Je cherche une issue qui n’existe pas,
une peine que rien ne peut assouvir.
  • 12.4.25

Murs de paille

De l’enfance, je retiens la douleur des autres et comment ils s’évertuaient à la masquer. Faux semblants et visages irradiés de mensonges, ombre épaisse leur barrant le cou cachée sous des écharpes de joie. 
Douleur qui traversait la mienne, elle-même dissimulée grâce aux murs de paille érigés autour du bonheur. 
Longtemps, ce qui en résultait de silence en moi oeuvra à ouvrir les mots d’aujourd’hui.

2020
  • 11.4.25

Énigme

Les couleurs se blottissent 
dans le coin d’un mur, prises   
dans le grand buvard du jour. 

La lumière hésite à entrer,
pose ses joues timides 
sur le balcon et attend. 

Attend que quelque chose 
donne le signal, une voix
un geste ; résolve l’énigme. 
  • 9.4.25

Ressac

Il fait un jour à renouer avec le ressac. 
Ce paquet lourd jeté à la mer qu’est le corps parfois. Malmené par la tête qui dodeline au vent, part et redresse sans cesse. Jour de tempête entre les oreilles où rien ne s’efface mais où tout bouscule. Des douleurs d’enfant cognent à la porte avec leur masque en forme de sourire. Ça va, ça vient et quand ça vient, ça va. On se dit ça quand la vague passe, la langue pleine de sel. 
Il fait un jour à renouer avec le ressac.

2019
  • 7.4.25

Savoir-vivre

Savoir-vivre.

Fixer longtemps le ciel clair
puis détourner les yeux

sans rien attendre d’autre
que la nuée de mouches

émues à la surface de l’iris
par la lumière trop vive.

Laisser vagabonder
sur le bout de son nez.

Recommencer.

2017 
  • 6.4.25

Bouteille

Il suffit parfois d’ouvrir la fenêtre,
de tourner ses épaules comme des gonds.

On entend alors un grincement délicat,
un vice qui crie dans le corps las.

Se dire qu’on a pris de la bouteille,
qu’on aimerait la rendre à la mer.

2018
  • 5.4.25

Aux heures où

Regarder l’envers de l’instant 
qui rôde entre deux averses.
Y voir une nuée de lèvres tendues
comme autant de baisers à voler
ou au contraire un vol de corbeaux
qui se confond dans une cape d’ombre ;
à moins que ce soit la même et seule vision
avec laquelle il faudra compter demain
aux heures où tu te crois poète.
  • 3.4.25

À jeter

Petits pas dans la nuit 
d’un poème de rien, poème Kleenex. 

À jeter dans la corbeille du réel après usage
Attention ! Pas celle réservée
aux cartons ni celle pour le recyclé 
Voilà celle-là, la poubelle verte,
pour le tout-venant et le rien d’advenu,
c’est un poème sans importance. 

Si ce n’est sa façon de marcher
dans la nuit, écoutez comme ça dure
mais allez-y, veux pas vous déranger
si vous n’avez pas le temps,
il en passera d’autres, des poèmes
à petits pas, des poèmes de rien,
des poèmes à jeter. 

2023
  • 2.4.25

Reprise

Tu ajustes un peu
le miroir pour te voir
de plus haut, 

aussi te moquer    
des longues années
de rides. 

Tu effaces au Typex,
pour que reste un souvenir 
du blanc sur le manque,

puis tu reprises maille
par maille
le tissu des rêves.
  • 31.3.25

Plop

Ce matin, j’ai croisé
un fabuleux silence,
un peu revêche au départ,
ne voulant pas vraiment
se faire remarquer. 

Il a très vite éclaté, plop
dans mon oreille saturée 
du bruit de tous les jours,
me laissant tellement léger 
que demain déjà en redemande.

2019
  • 30.3.25

Fatigue

Je devrais porter ma fatigue
plus loin dans une forêt,

l’abandonner aux arbres
au milieu d’une clairière,

au lieu de lui laisser une place
près de moi qui la dévore.

M’affamer pour l’oublier.
  • 28.3.25

Sans moi

Le jour a commencé sans moi,
glisse sous la porte une lumière  
de déjà-vu une odeur d’ordinaire.

De petites sensations sans charme 
vont viennent avec leur éternité  
de gestes qui rassurent la tête le corps. 

Vont viennent avec leur entêtement,
leur poids et leur râle rampant ;
le jour a commencé sans moi, tant mieux. 
  • 26.3.25

fut-il.net