La rencontre
27.7.09
En septembre de l’année suivante, tout allait changer. J’avais remarqué une fille très alerte, enjouée et charmante qui s’arrogeait l’ensemble des regards masculins. Excessivement courtisée, elle jouait très bien de ses attraits. Son sourire, à la fois mutin et narquois, faisait chavirer nombreux de nos cœurs. Et je ne dérogeai pas à sa puissance de feu. J’étais confondu par son charme. J’avais bien imaginé pour l’aborder quelques plans hautement romantiques mais, cette armée de prétendants m’avait conduit à renoncer. Pourtant…
C’était donc le jour de la rentrée des classes et comme d’habitude, nous étions tous très beaux, très propres et tout habillés de neuf. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’appris que j’étais dans sa classe ? Dés l’annonce de cette nouvelle, je sentis virer mon sang . Il bouillonna, fit plusieurs tours et accéléra comme excité par une piqûre intraveineuse. Ma tempe vacillante pouvait en témoigner. Elle allait être à ma merci. J’étais bien décidé à défier la belle. J'examinais ma tenue, inspectais les revers de ma veste afin qu'elle ne trouve à ma présentation aucune imperfection réfractaire.
Je l’aperçus d’abord dans le miroir du hall qui jouxte la porte d’entrée. J’étais de dos par rapport à elle et ma position me permit de l’observer sans qu’elle ne me voie pendant quelques secondes. Sous ses cheveux noirs ondulés, apparaissait un visage rond et halé, traversé par une bouche pulpeuse. Elle avançait vers moi, son déhanché aérien accompagnait son corps souple et bien proportionné. Sa poitrine n’était maintenant qu’à quelques mètres de mon dos quand, d’un seul coup, je sentis ses mains me bander les yeux. Une respiration plus tard, j’entendis une voix claire et souriante retentir dans la cage d’escalier : « Devine qui c’est ? ». J’étais liquéfié, « amélie-poulinisé ! ».
Ma scolarité fut, à partir de ce moment là, bouleversée. Je réussis toutefois à obtenir mon bac mais mon plus beau succès, à n’en pas douter, fut « elle » et les trois enfants qu’elle me donna neuf ans plus tard.