Le sevrage
21.11.09Un peu agacé d’être pris à partie dans une histoire où personne ne veut vraiment avancer, je décide de laisser mon Gérard et sa Barbara dans leur névrose post-œdipienne. Nos rapports quotidiens se modifient alors rapidement et ne se résument plus qu’à de simples échanges professionnels. Je ne m’en porte pas plus mal, chacun continue sa route : elle, dans son mutisme charmant, lui, dans sa confusion pére-amant et moi, dans ma satisfaction du triangle rompu.
Jeudi dernier, je rappelle à Barbara sa proposition concernant la petite chatte. L’anniversaire des jumeaux approche et mon impatience se fait sentir. Elle m’indique que le sevrage maternel n’étant pas encore terminé, il serait difficile de l’avoir pour la date prévue. Un peu contrarié mais conscient des effets néfastes d’un sevrage sauvage, j’approuve sa position et lui demande de me tenir au courant de l’avancée des choses.
Samedi, elle m’envoie un email. La chatonne est presque sevrée ! Je peux la récupérer dés que je veux. Je suis ravi de la nouvelle, m’empresse de l’appeler pour confirmer ma venue dés le lendemain. Elle profite de mon appel pour m’annoncer son déménagement ce week-end. Elle est enchanté de pouvoir me montrer sa nouvelle maison. Je suis surpris par cet engouement et cette proximité soudaine comme si nous étions devenus des amis de toujours. Notre enthousiasme commun pour les chats y est certainement pour beaucoup.
J’arrive vers 11h00 sur le bord de RN113 proche du village où vivent mes enfants. En contrebas, j’aperçois Barbara, le téléphone à l’oreille. Elle me guide depuis quelques kilomètres. Après quelques virages dans la campagne, je la rejoins dans un petit mas vétuste. Je l’embrasse et je la trouve immédiatement différente. Elle est gaie et arbore toujours son sourire persistant mais à la différence de nos autres rencontres, je n’y vois aucune malice, ni niaiserie. Elle est détendue, fraîche et disponible.
Elle m’invite à entrer dans son nouveau sweet home. Derrière la maison, sur la terrasse, nous attend un garçon d’une trentaine d’années. Elle me présente et j’apprends qu’il est son ami. La discussion s’amorce sur des banalités d’usage et tandis qu’elle me parle des bons soins à apporter à la chatonne, je pense à mon Gérard. A la vue des deux tourtereaux tous deux perchés sur un nuage, je pense au fourvoiement dans lequel Gérard s’est enfoncé. Ils me proposent de boire une bière, j’accepte et nous passons un moment très agréable.
Je repars avec mon petit animal dans un sac de sport. Je n’ai pas eu besoin finalement d’avoir une grande discussion philosophique avec elle sur les tenants et les aboutissants de sa relation avec son manager quinquagénaire. Cette simple rencontre a fait la lumière sur l’histoire. Gérard peut retourner dans son foyer paisible, entourer d’amour sa famille et surtout maintenant, commencer à se sevrer de la belle Barbara.