Écritures - #VasesCommunicants
2.7.10Peut-être plus que les portraits, les lettres manuscrites me rapprochent du mystère des êtres. Et si je me sépare sans regret de certains objets, jamais je ne jette un courrier qui m'a été adressé, s'il a été écrit avec sincérité, s'il me donne oh même juste un peu une émotion réelle.
Lisant et relisant alors lentement ces paroles dessinées sur papier, soudain j'entends la voix qui pourtant ne me lira pas ces phrases.
Écriture fine qui marche droite et claire avec ses boucles et ses courbes sur l'invisible ligne,
Écriture trop sage qui déchaîna l'orage,
Écriture vive et sensible ouverte sur l'infini, le a qui se balance donne un côté lunaire à l'arobase, ou bien glissant par jeu sur la hampe la plus proche voilà mon a qui se retrouve à terre,
Écriture désordre les lettres se cognent dans tous les sens.
Elles me racontent, ces voix inimitables, les petits riens du quotidien, en fait extrêmement importants, ce qui occupe leur temps de vivre, un ballet de feuilles tourbillonnantes, les hirondelles, les lilas penchés au-dessus de la rivière, la machine à textes, les silences et les blancs sur l'espace clos d'une feuille. Secrètement déposées à la main, elles parfument bienveillantes mon propre temps de vie et pour certaines parfois au-delà même du leur.
(…) et lorsque nous tracions des caractères sur le papier, ils semblaient prendre les mouvements de la main qui écrivait pour des signes de magie (…)
Voyage de La Pérouse, Tome troisième, page 70, 1797 (cité dans le Trésor de la Langue Française Informatisé, ECRIRE )
Ce billet a été rédigé par Kathie Durand que je reçois aujourd’hui dans le cadre des vases communicants. Vous pouvez suivre ce chemin pour aller lire mon billet publié sur son blog.
Voici la courte liste des autres participants à ces vases communicants de juillet :
Loran Bart et Christine Jeanney
Anna de Sandre et Jonavin
Pierre Ménard et Arnaud Maïsetti
Landry Jutier et Brigitte Célérier
France Burghelle-Rey et Florence Noël