Et si un jour
3.10.10Et si un jour, elle se retournait, pour qu’il la voie de face, pour qu’ils s’alignent, droits dans les yeux. Et si pour une fois elle appelait pour autre chose que pour parler du temps qu’il fait, le chaud, le froid des saisons qui passent. Et si, soudain, leurs voix ne se gênaient plus, ne comblaient plus le vide que les fins des phrases creuses laissent sur eux. Et s’ils se retrouvaient simplement, au détour d’une histoire commune saturée de chaleur à partager, de lâcher-prise à en pleurer.
Et si un jour, ils abandonnaient leurs habits froids, sortaient de leurs chiffons et répudiaient la logique de morale cernée par une éducation contrainte. Et si de désespérément raides et dénués de fantaisie, d'impulsivité et d'affectivité, ils sautaient de vide en plein. Et si de l'obsessionnel, ils passaient en quiétude, révoquant leur perfectionnisme, chassant chaque détail étudié, planifié, vérifié pour laisser libre l’imperfection créatrice.
Et si de l'ordre, ils parvenaient au désordre accepté, élevé en théorie (tout doit être bien dérangé et désorganisé). Hors contrôle et maîtrise, ils dévisageraient la rigueur morale, s’en moqueraient, riraient des entorses à la loi, aux règlements, aux horaires... Et le doute, la moindre indécision soulèveraient les interrogations essentielles, feraient naître le lien, celui qui aurait dû être depuis toujours.
Mère, fils. Et si le fossé s’effondrait…