Volutes naissantes

17.10.10

image Elle prend dés le matin, l’envie coincée dans le gosier, puis grimpe, s’insinue partout, le corps, la tête, se crispe dans les doigts, passe par le nez, détache ses ferveurs dans les muqueuses, repasse par l’air, tourne autour, lancinante, provocante, aliénante. Avant que le pied ne touche le sol, avant que la pensée n’ait perçu le matin, avant que je ne sache qui je suis, où, quelle heure, quel jour, elle rôde, s’échappe de ses sœurs défuntes de la veille, racle mes synapses, éponge mes souvenirs, tronque mes rêves en volutes naissantes. Le café coule, odeur de l’aube masquée par son arrogance olfactive, elle descend de la chambre, imprègne les murs encore un peu plus, encore une couche sur les tissus, encore du jaunâtre, saumâtre. Assortie d’un grondement que l’organisme rejette, elle sort d’un réflexe programmé, d’une proximité toujours égale, elle est là, permanence de la vie mais ne promet que trépas par lentes combustions . Diablesse qui prend le corps, s’empare du fluide qui coule dans les veines, de l’air pur elle désagrège particules et oxygène, pourrit l’atmosphère, décrépît la peau, obstrue les pores, altère le souffle, tue.

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