Ma voisine
23.11.10 Ma voisine était aussi ma bonne copine. Une fille pas comme les autres, une petite tête châtain avec des taches de rousseur, des cheveux courts et toujours vêtue de jeans larges et chaussée de baskets. Nous jouions souvent ensemble, aux cowboys et aux indiens, elle aimait aussi parcourir le quai prés de la rivière en skate-board ou en pantins à roulettes. Rien ne lui faisait peur à Brigitte, un vrai garçon manqué.
Je l’invitais souvent à dormir à la maison, le mardi soir ou les weekends. Mais Brigitte ne me conviait jamais chez elle, ses parents ne voulaient pas. Tu peux inviter des filles si tu veux mais pas un garçon, disaient-ils. Pour moi, et mes parents l’avaient compris, Brigitte était un copain, comme un autre, comme un garçon, je ne faisais aucune différence. Jusqu’à ce mardi soir, je me rappelle, c’était en hiver.
Nous étions si proches que nous prenions notre bain ensemble. Mes parents n’étaient pas fortunés mais nous avions le privilège d’avoir une baignoire sabot : la moitié d’une vraie baignoire avec un large rebord en guise d’assise et un rideau à fleurs pour pouvoir aussi prendre des douches. Ce soir là, le froid piquait au dehors. Et dans la salle de bains que mes parents ne chauffaient jamais, on se déshabilla en poussant des cris stridents. A chaque vêtement retiré, le froid nous transperçait davantage. Si bien qu’une fois nus comme des vers, nous n’étions plus que deux congères recroquevillées. Je me glissai le premier derrière le rideau et j’ouvris le robinet.
L’eau coula d’abord comme si elle avait arpenté les couloirs d’un glacier. Brigitte me rejoignit transie et poussa un cri d’horreur dés que son pied effleura le fond gelé de la baignoire. Elle s’enroula rapidement dans le rideau dans l’attente d’une température plus clémente. Quelques secondes de coulée et l’eau se mit à cracher une pluie brûlante. La vapeur nous envahit et nos cris se transformèrent en rires de stupeur.
A force de tâtonnement, je réussis à régler la température. L’eau devenue bonne, je lui tendis la main pour qu’elle me rejoigne. Et là blottis l’un contre l’autre, nous nous laissâmes emporter par la tiédeur. Accroupis dans cet espace réduit, j’entrepris de lui laver le dos, puis les cheveux avec un morceau de savon de Marseille. Elle fit de même après plusieurs retournements périlleux pour ne laisser aucune partie de nos corps sortir à l’air libre et froid. Nous étions trop bien dans cette eau chaude qui emplissait la pièce d’un voile qui masquait jusqu’à nos visages rougeauds. Nous y restâmes des heures, nous ne voulions pas en sortir. Il le fallait pourtant et je me décidai à tirer la bonde de la baignoire. L’eau descendit lentement découvrant nos bouts de pieds et de doigts flétris.
Elle sortit la première, gracile corps laiteux et juvénile, maculé de marques rouges. Elle s’enroula dans une serviette blanche et je la regardai un instant, émerveillé par son geste leste. Elle bleuissait désormais et claquait des dents. Je sortis à mon tour et la frictionnai énergiquement pour la réchauffer. Elle enfila sa longue chemise de nuit blanche et d’un air joueur, m’invita à vite la rejoindre dans la chambre.
Arrivé près du lit, je ne vis que ses cheveux en bataille dépassés de l’édredon moelleux. Je me glissai dans les draps tout contre son corps chaud et encore humide. Ma main sur son ventre, elle frissonna et je me mis à la serrer très fort tout en soufflant lentement de l’air chaud dans son cou.
Ainsi, ce mardi soir d’hiver, dans cette salle de bain exiguë, je pris conscience que Brigitte, mon copain, était une fille. Et pas n’importe quelle fille. La fille qui me donna mes premiers troubles érotiques.