Une honte

7.12.10

image Imprévisible, la honte s’impose souvent à moi par un ami qui, dans une situation donnée, perd pied, se met en danger, par le mensonge ou l’ignorance : spectacle qui m’afflige ou me déçoit même si l’intéressé s’en débrouille sans que son assistance ne décèle la mystification ou l’embarras. Etrange sentiment qui ne m’inspire que la fuite, le laisser là, ne plus voir sa désinvolture à tromper le monde ou son ânonnement d’explications confuses.

Une honte qui peut aussi être plus éloignée, venue d’un inconnu. A la télévision par exemple, questionné par l’animateur, ce candidat de jeux qui bafouille, en panique, ne sait plus où il est, erre face au pouvoir des caméras et s’emmêle lamentablement les pinceaux. Il me met dans un état de déroute, dans un état où lui devrait être, il devrait fuir. Et fuir est ma pulsion de l’instant, je ne peux plus regarder se débattre ce faible parmi les forts. Forcément, je zappe.

Un trouble qui ne m’appartient pas, quelque chose qui passe dans un recoin de mon esprit près de l’inadmissible, de l’impossible à supporter. Une honte, pas en moi, ni venant de moi, mais puisée chez l’autre, une personne mise à mal ou un être apprécié en danger, et qui, dans son déclenchement, devrait provoquer en lui ce qui m’atteint dans l’instant. Une honte qui passe inaperçue et que je vole au passage sans avoir, pour m’en défaire, autre alternative que la fuite.

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