Fâchée
17.1.11Je peux pas le croire. Que tu aies fait ça, toi, à moi. Moi qui suis ta mère quand même. Me mentir comme ça, sans vergogne. Mais tu te crois où là ? Tant que tu seras sous ce toit, c’est à moi et à ton père que tu auras à faire, c’est nous qui dirigeons ici. Pas toi, non, pas toi, avec tes mensonges, ton cynisme et ton jeunisme à deux balles ! Tu vois pas que si on presse, on presse ton nez, c’est encore du lait qui coule. Tu ne connais rien à la vie, non, rien et nous, on est là pour toi. Tu vois pas qu’on fait tout – enfin surtout moi parce que ton père – pour que tu aies tout ce que tu veux et tu as tout ce qu’un jeune homme peut désirer, pour que tu sois bien et ne souris pas, tu peux pas dire que tu n’es pas bien, pour que tu grandisses dans le confort et ne lève pas les yeux au ciel, tu vis dans un cocon.
Alors pourquoi ? Dis-moi. Pourquoi tu me fais ça à moi ? Qu’est ce que j’ai fait, qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour que tu me fasses une telle vie, à moi ? J’ai raté quelque chose, dis-moi, mais parle, parle-moi, jette-le maintenant, vide-toi. Qu’est ce que j’ai loupé, qu’est ce que, quoi, où mon éducation t’a manqué ? Tu es le dernier, le plus gâté, le plus soigné, de l’argent, je t’en donne toutes les semaines, la liberté, tu sors quand tu veux, tu rentres aux heures qui te plaisent, tu peux faire du sport, sortir en boîte, t’amuser, tu as tout ce que nous n’avons jamais eu, nous, à notre époque, tu le sais ça ? Je ne te comprends pas, tu restes planté, tête dans ton cou, sans un mot. Regarde-moi quand je te parle ! Sèche ton regard faussement humide ! Et raconte-moi, mais bon sang, qu’as-tu dans le crâne, petit con ?