La plante verte qui sèche

11.1.11

image Une plante verte et grasse qui n’a pas vu la lumière depuis des mois sèche l’ambiance dans un pot ivoirin. Autour, des murs crèmes, des liserés bleus, rouges et quelques affiches qui commencent toutes par « vous ». Oui, NOUS qui venons régulièrement attendre là sur des chaises en fer noir, suspendues aux murs de crainte qu’on ne les vole. Cet endroit est fait pour nous.

On y entre sans dire bonjour, finalement on est chez nous, on ne se salue pas quand on rentre chez nous. Un sas, deux portes battantes et on s’arrête dans le hall, les pieds dansants sur le lino maculé de traces de pas. La queue devant l’accueil, petit meuble ikéa blanc avec deux pupitres mais une seule hôtesse. On patiente devant la marque au sol, sticker bleu et blanc, disposé à quelques mètres avec la mention : stop discrétion. Zone de replis pour observer l’intimité de l’autre qui dialogue avec la conseillère, ne pas entendre des fois qu’il ait trouvé, lui.

Cinq minutes et déjà la file augmente. Jeunes, vieux, hommes, femmes, courrier de convocation à la main flanqué d’un grand « e » comme espoir, se serrent pour laisser entrer les derniers coincés dans le sas. Fébriles gens qui regardent leurs chaussures, tripotent leurs papiers, s’angoissent du rendez-vous. Les visages sont graves, la honte est proche, certains se reconnaissent, très peu se parlent. Et la circulation se fait, trois pas en avant, stop discrétion et le saut vers les pupitres. Papiers tendus, sourires crispés, on va nous recevoir. Attente sur la chaise noire, les affiches colorées qui nous parlent et au centre la plante verte qui sèche.

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