Autrefois tourner le dos #VasesCommunicants
4.2.11
Autrefois tourner le dos et traverser la cour de récréation suffisait...
Maintenant, tourner le dos ne suffit plus. La cour de récréation a disparu. On ne se livre plus au jeu. Non! On ne joue plus. On joue un rôle. Être l'interprète du jeu que je compose à chaque instant. N'être plus que l'acteur d'un moi qui se forme et se déforme par le regard des autres et l'appartenance à la meute.
Rester droit comme un "i" et poser son regard, sans se mouvoir, tout en maîtrisant ses sourires et sa respiration. Affronter sans rechigner, ni tordre l'échine, voilà ce qu'adulte veut dire. "adolescere"' grandir. Sommes-nous devenus grands? Sommes-nous si grands que nous en oublions d'être pertinents? Je ne grandis plus, je m'altère et ne me reforme plus. Je n'ai à aucun moment aspiré à être l'adulte mais je me suis retrouvé avalé et embrigadé dans un univers peuplé de ces personnages. Ils sont si fiers d'être parvenus à Être, cet adulte qui maintenant regarde avec convoitise et condescendance son enfance passée ou l'enfance de sa progéniture. Je suis heureux pour eux. C'est un triomphe sans doute honorable de quitter son état d'enfant. Comme si atteindre le début de la décrépitude s'accompagnait d'une délectation profonde qui se suffirait à elle-même pour donner un sens à une vie.
Les rêves d'enfant ne sont pas ambitieux, ils sont merveilleux. Ils se situent un ou deux échelons plus haut que nos espérances ou visées. Ils ne sont d'ailleurs pas dans le registre de l'objectif à atteindre. Ils se positionnent uniquement dans la création. La création d'un monde nouveau, assurément meilleur. L'inexplicable magie des jeux imaginés dans les cours d'école qui nous transportaient dans un monde parallèle et que l'on retrouvait à n'importe quel moment, au retentissement d'une cloche ou sur un simple claquement de doigt. L'évasion, le passage d'une âme à un autre. La capacité à se débarrasser des gardes chiourmes qui oppressent.
Et l'oiseau se posa sur mon bras...
Ce billet a été rédigé par Xavier Fisselier que vous pouvez lire sur son blog comprenant notamment une série de billets intitulée “mn : mauvaises nouvelles” à ne pas rater. Je reçois son texte aujourd’hui dans le cadre des vases communicants et il reçoit le mien ici.Et voici la liste des autres participants à ces vases communicants de février :Laurent Margantin et Daniel Bourrion Christine Jeanney et Anita Navarrete-Berbel Maryse Hache et Piero Cohen-Hadria Samuel Dixneuf et Michel Brosseau Chez Jeannne et Leroy K. May Estelle Ogier et Joachim Séné François Bon et Christophe Grossi Cécile Portier et Anthony Poiraudeau Amande Roussin et Benoit Vincent Marianne Jaeglé et Franck Queyraud Juliette Mézenc et Jean Prod'hom Candice Nguyen et Pierre Ménard Nolwenn Euzen et Landry Jutier Leila Zhour et Dominique Autrou Clara Lamireau et Michel Volkovitch Joye et Brigitte Célérier Clara Lamireau et Michel Volkovitch Claude Favre (quelque part sur le web) et Jean-Marc Undriener