Au jardin de la mairie

22.4.11

image Se rejoindre, toujours, évident besoin de groupe, d’appartenance mais pas beaucoup d’endroits dans le village, peu de points de chute à nos vacuités. Alors l’espace public s’habille pour nous accueillir, en jardin à la Française face à l’hôtel de ville. Précis et propre, il s’agence en haies parfaitement taillées, parterres de fleurs résistantes aux couleurs criardes, et encore des haies en lignes, en courbes, ouverture, fermeture, au détour des bosquets puis à nouveau des îlots de fleurs qui terminent d’autres haies. Parcourir haletant la sueur dans le dos ce dédale giratoire pour nous les petits au sens de l’orientation en devenir. Courir autour des rond-points fabriqués, dans les allées fuyantes, tourner dans le décor, symétrie des fleurs, virages identiques et multiplication des mêmes chemins, se perdre un peu le cœur ouvert et retourner sur nos pas, idiots de reconnaître les lieux.

Au milieu et sur chaque bord, pour s’apaiser, des repères en creux, bassins aux eaux troubles, vertes et sales où nagent quelques spectres de carpes emprisonnées. S’asseoir un instant, chercher les plus grosses espèces à cibler, crever le temps et les eaux en jetant des cailloux plats aux yeux des poissons déjà morts fatigués de tourner. Espérer même le ricochet d’un bassin à l’autre, pourquoi pas l’exploit d’un retour boomerang. Et rire, se chamailler autour, se pousser l’un, l’autre, s’agripper aux shorts et aux chemises pour résister et inévitablement mettre un pied dans l’eau vaseuse et retourner chez soi la sandalette nu-pieds dégoulinante d’algues visqueuses.

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