Jamais su si t’étais vraie

29.5.11

image Des cris étouffés en toile de fond, des rires en acouphènes qui parcourent les corps, ensorcellent les rêves, coupent du monde. La nuit revêt ses plus beaux apparats et se ment pour offrir en partage un pays d'artifices. Un ailleurs cerclé de lumières, un parc à humains, petits hommes, petites femmes. Les yeux aux mille couleurs, du fard pour les années sombres à venir, et les joues salivées de senteurs fabriquées, du sucre vanillé au rouge des pommes d’amour.

Et toi, au milieu, jamais su si t’étais vraie.

Au volant, tes cheveux à l’odeur inconnue tracent la nuit, la vitesse au visage, tes mèches folles et tes yeux qui fuient en perles d’eau. Tu tournes sur la piste, plaques noires de fer agglomérées qui forment tes routes factices, de celles sans but, qui tournent en rond et qui t’agitent. Tu files électrique, ta silhouette dans mon sillage et ta flamme sur la perche qui crépite. Moi, je veux te croire, sur le parquet fais la grue, te matte à mort, accroché à tes contours chromatiques. Mais d’autres rôdent autour, chauffards zélés perchés sur les banquettes, pieds à bloc sur la pédale, ils frôlent tes caoutchoucs, te tamponnent en s’excusant d’un clin d’œil aguicheur.

Et moi, figé, regard volé, transparent de toi, jamais su si t’étais vraie.

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