Les yeux au ciel
2.5.11Bleu, soixante-dix-huit ans de bleu, couleur qui t’entoure toujours, l’immense de tes yeux qui crée un anneau autour de toi, une bulle de temps que plus rien ni personne ne traverse. Pas d’aura, aucune transmission, juste des émotions plates, des sous-entendus dont tu te pares, qui te suffisent pour vivre et qui engendrent en nous des marges inertes. Et ce bleu regard qui tourne dans le vide, n’exprime que le minimum vital, plus d’éclat, juste le roulement de l’incompréhension quand les autres sens font défaut, lorsque tu ne nous entends plus, que des tonalités insondables te masquent encore un peu plus. Tu t’écarquilles, pupilles dans ta nuit de plein jour, tu nous lances des billes rondes comme si nous étions fautifs de sentir, d’écouter, d’entendre. Les paroles et les chutes de rires t’agacent car tu n’es plus intégrée : tu es à côté, sur un autre chemin, dans un bourdonnement sourd, seule immobile dans un ballet de lèvres chaotique. Alors tu souffles un peu, tournes la tête et lèves les yeux au ciel.