Au plus fort de l’été
2.7.11Sont arrivées les journées d’été, les volets en clé, la fraîcheur à préserver dans le dedans, les murs comme remparts inutiles, parois spongieuses à l’agression du chaud. Dehors, la rue se remplit de lourd, de vide et de silence, seuls subsistent quelques mouvements de corps en errance.
Le facteur passe, bermuda bleu et polo jaune, descend et très vite remonte dans sa caisse climatisée. D’un geste, salue, - il fait chaud - klaxonne et file chevaux vapeur en déposant sa couche de carbone sur les perrons. La voisine à peine le nez dehors - paupières épaisses et front baveux - remonte sa moustiquaire, arrose quelques fleurs qui rechignent à mourir et cloisonne la maisonnée, - il fait chaud - rideaux et persiennes tirés sur le jour. Les heures se feront dans la pénombre à taillader le soleil par la fenêtre. Le pêcheur passe caoutchouté jusqu’au dessus des genoux, journée finie déjà, levé tôt, rentre bredouille, la besace qui dégueule le vide gorgé de chaud et la sueur des pieds qui flottent dans les cuissardes. Le retraité aussi tente la sortie sous l’ardent, marcel blanc et bronzage agricole, le ventre en avant, il tâte le jour sur les flancs – il fait chaud – rosé frais dans le frigo, le tour de France dans la lucarne.
Puis très vite, plus aucun bruit, les toits de feu et le macadam qui fond ne disent plus rien, même les hirondelles étouffent à moins qu’elles ne soient déjà parties. Et maintenant au dehors, au plus fort de l’été, tous et toutes appellent à la nuit, rien ne justifie cette fournaise engouffrée entre les murs, - il fait chaud - le manque d’air et la touffeur des maisons.