des pailles gigantesques
10.7.11A nous le vaste champ de blé blond, des pailles gigantesques d’un mètre de haut à perte vue - on se disait, on aurait dit que - quand les mercredi après-midi on fonçait dedans tête baissée. Vaste, je me souviens, était un grand mot pour nos petites tailles, un carré tout au plus de quelques dizaines de pas de géant. Oh, oh, oh ! Que l’on criait les mains sur les hanches et nos shorts flottants en viscose verte. On s’accroupissait puis se relevait, nos têtes jouaient au rebond des cigales entre les tiges sèches. Le visage enfoui dans la terre, pour surprendre, faire peur, même pas cap, allez vas-y et on rampait jusqu’à l’autre, nos côtes allongées dans la terre brune et les coudes en accrocs sur les graminées qui chantaient des stridules. Quelques reptations coites aux épaules fragiles et d’une flexion sur nos jambes râpées, on sautait sur le copain comme la sauterelle effrayée. Mais non, tu m’as pas entendu, tu fais exprès de m’énerver, et on continuait chacun son bord, un coup tu me vois, un coup tu me vois plus. Des phares dans l’espace, un, deux, trois puis quatre, on nous rejoignait, on se rejoignait, on se rattrapait, on se cachait, on se disputait et nos rires étouffés de nous trahir à chaque battement de cils.