Dix ans
21.7.11C’est ouvrir, comme tous les matins, la page blanche, se dire que je vais écraser là quelques lignes pour le plaisir, raconter des trucs plus ou moins cohérents, des remembrances d’enfants, des tirades sur le vide, que je vais, une fois de plus, tourner la langue sur l’écran, lui faire lécher la vie, la singer pour me l’accommoder. Et puis, c’est glisser l’œil en bas à droite de l’écran et voir la date du jour, comme si je ne savais pas. Double cliquer, parcourir un instant les lames du calendrier, toutes les années qui se sont écoulées depuis, si vite les faire défiler dans la lucarne. Se dire qu’il va être difficile aujourd’hui de passer à côté, comme s’il s’agissait d’un jour ordinaire. Mais à quoi bon écrire encore sur ? J’ai tellement parlé déjà de ce temps passé depuis, depuis lui, tant écrit sur le sujet entre deux futilités, une gauloise et un Ricard, tellement couché de mots sur cette matière un peu trop (auto)biographique, beaucoup trop malaxé ses pensées étouffées dans mon cœur contrit. Toutes ces choses pathétiques dans lesquelles il me fixe et que je balance en creux les jours vides ou à vif quand le trop déborde, depuis cet instant figé, il y a dix ans, déjà, où il m’a offert son dernier souffle. Alors, c’est essayer quelques lignes hors du temps pour faire s’envoler la peine, cette conne de peine qui s’attache aux dates, tenter d’écrire autre chose mais évidemment, ne pas y arriver.