Blanche lune
17.8.11Bonheur de se réveiller sur un filet de lumière qui passe entre les rideaux. Orange, vert, bordeaux par le prisme des couleurs des étoffes mélangées, se souvenir, en première image du jour, de la veille au coucher et de son corps allongé sur le côté, en demi-sommeil dévoyé. Revoir, yeux refermés, la lueur de l’instant, l'éclat pleine lune qui perce les mêmes rideaux sans libérer d’aquarelles, mais en étendant longue une lumière blanche qui épouse les contours et dresse sa beauté en variations ébènes et opalines. Dans mon œilleton, se fondre dans ce monochrome charnel et s’appliquer à onduler sur monts et vallons de sa silhouette. La chaleur en médiatrice, sentir monter l’odeur de la nuit et la sienne profonde en phéromones qui ne flattent pas que naseaux. Faire et défaire la courbe confuse des corps : des pieds qui se frôlent sous la couette rabattue au fond de la couche, des jambes qui se chevauchent en friction chaude, des mains qui se croisent sous les ventres ou dans le creux de l’oreiller, des bouches en lippes gonflées qui cherchent étreintes dans la pénombre. Bouger, virer, puis s’alanguir tête à nuque pour choyer les rondeurs, parcourir les cimes sans toucher les bouts en s’accordant sur les plus ronds et caresser leur grain de peau qui crisse satin sous les doigts. Et ne plus en finir de sillonner en aller doux, paume qui glisse sur peau hâlée et en retour exquis, tranche de main qui frôle les parties cachées, jusqu’à blanche lune.