Centre commercial
27.8.11Tout y est pour. Pour qu’on lâche, qu’on craque ici la monnaie qui remplira les circuits, tassera la tantôt molle, tantôt nulle mais toujours fameuse et sacro-sainte croissance. Des polygones amassés en cercle, des parcours fléchés pour qu’on passe là où on veut que l’on passe. Centre commercial à ciel ouvert, commerce, commerce, centre de toutes attentions. Chemin balisé entre les figures, les cubes, les terrasses bâchées et alimentées de brumisateurs. On nous cocoone, nous caresse dans le sens du poil pour éviter qu’il ne se hérisse devant le marketing criard, insolent et écœurant. De l’ostentatoire à chaque pas, chaque vitrine crie sa promotion, sa nouvelle collection portée par des répliquants plastiques aux formes parfaites. Moins chère cette année, plus beau, plus belle tu seras, semble-t-elle nous crier à nous les passants au revers de veste en portefeuille. On n’y croit pas bien sûr mais on entre quand même, pratique aucune porte à pousser, on passe de l’extérieur à l’intérieur sans s’en apercevoir. Mais on n’achète pas, on ne fait que toucher les cuirs, les peaux synthétiques, les couleurs d’automne et les fins de soldes à nos tailles manquantes. On n’y croit plus à leur système de valeur, à la consommation de vivre, alors on repart, une glace à l’eau pour étancher nos soifs, on repart les yeux emplis de couleurs qui minent, la frustration sur nos talons.