Au spectacle
17.9.11Moi je suis le spectacle, le music-hall et toi, tu n’es rien, que dalle, une fourmi que je peux écraser d’un pied, d’un orteil, d’un léger vent percé de ma bouche. Pfff, et plus rien. Et tu te crois original, beau, dans le coup, bran-ché, mais tu vaux pas un pet de lapin, chéri. Dégage de mon chemin, je ne veux rien de toi, moi, je suis maestria, je suis dame, je suis princesse sur la scène tandis que toi, tu te tords au rang orchestre, pour zyeuter sous ma jupe, pauvre dégueulasse. Ne nie pas ! Je t’ai vu au deuxième acte quand j’ai élevé ma voix de diva, repris ce magnifique refrain écrit rien que pour moi, tu crois qu’on ne voit pas depuis la scène, que les sunlights nous aveuglent, que la masse applaudissant est noire pour nous, qu’elle serait public qui ne ferait qu’un en scandant un seul grand bravo assoiffé de bis repetitas ! Et bien non, moi je sens la foule comme je peux voir les individus de ton espèce, les uns, les autres, les petits, les grands, les gros, les maigres, les beaux, les laids, je suis grande moi, je te surplombe et dans mon regard baissé, tu vois comme ça, tout en continuant mon métier d’artiste parce qu’on ne me déstabilise pas facilement à moi, je t’ai vu canaille cogner ta main sur ton ventre, j’ai vu tes épaules se secouer quand tu as aperçu ce que tu cherchais comme un diable, j’ai vu ton regard lubrique et ton rire éclater quand tu t’es rassuré sur ce que tout le monde sait déjà. Et bien oui, ducon, je suis un homme et même si tu veux tout savoir, je m’appelle Maurice. Dégage détraqué ou j’appelle la sécurité !
illustration : Ruven Afanador