Echo à #vaten de @christogrossi @publienet

21.9.11

Va-t’en, va-t’en… Et bien je suis parti, revenu, j’ai erré comme lui, dans des villes inconnues qu’on aimerait connaître mais pas maintenant, pas dans ce contexte professionnel. Pas le moment, sans la solitude et le gris du temps, on sent qu’on pourrait aimer, flâner, mais le cœur n’y est pas parce qu’on a une mission et que cette mission bouffe tout. Il y a la ville et ses dédales, parkings, rondpoints, souterrains, lignes de tram, où il s’égare où je m’égare. Chercher et ne pas trouver puis à un coin de rue, faire des rencontres incongrues, qui font, pour un instant, sourire. Mais pour le reste, c’est départ et retour incessants, longue route mais heureusement la musique est là - Bashung, Noir dés et bien d’autres - une permanence pour se rattacher au connu, pour se souvenir, pour se sortir du temps, et du bitume collant. Et quand enfin, on est revenu, autour les gens, le trop de mots où le silence manque, les voix sourdes, bref le malaise s’installe et pointe déjà l’envie de repartir… c’est mieux pour tout le monde.

Extraits :

Reprendre le volant, choisir un autre disque pour sortir de Mâcon, se laisser griser par le Cantique des cantiques, suave, troublant, sensuel – Alain Bashung et Chloé Mons, voix à voix, suivre leur union, leur déclaration, leur étreinte.

J’aimerais tant revenir vers un geste d’amour pur. Mais à force de nous côtoyer huit heures par jour dans vingt mètres carrés, comment faire pour ne pas ressembler à la plante verte, à l’halogène, à cette sonnerie de téléphone ? Je suis un corps-éponge. Des centaines de phrases se cognent dedans, des foules de mots. Bousculades, amorces de dialogues, voix sourdes. Je ne suis plus un corps-montgolfière.

Je suis fou de cette ville. Dans un café je poursuis les aventures de Kwak, Zak, Shelle et Melancolio. Les brasseries continuent de brusseler, Jacques Brel de chanter, Rimbaud au Saint-Germain de verlainer. Envie d’écrire, encore, de raconter aussi, de revenir. La première libraire que je vois est enrhumée. L’endroit est magnifique, il ressemble plus à une bibliothèque qu’à une librairie. Quand je sors, une passante me demande quelque chose dans une langue qui m’est inconnue ; je crois reconnaître le flamand mais n’en suis pas certain. L’accent de Bruxelles et ses façades – chantants.

Plus tard j’entre dans la salle d’étude de la bibliothèque. Depuis combien de temps ne suis-je pas entré dans un lieu comme celui-là ? Je traverse ce silence stéréotypé qu’on retrouve dans toute bibliothèque universitaire et les attitudes qui vont avec : derrière les feuilles étalées et les trousses éventrées, les mines sont défaites, concentrées, studieuses, rêveuses. On a placé de grandes tables au centre de la salle, les rayonnages sont bien là, sur tous les murs et les manuels reliés, épais, lourds, absorbent silence et savoir, secrets et mensonges.

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