Lord bulle
17.12.11Le gris du monde à la façade de la foule, crémant des yeux dans le lointain, Lord s’évade, bulle autour de lui et s’échappe de nous, gens pourtant si proches. Dans un souffle, il capture l’air du temps, l’invisible légèreté qu’il porte sous son complet noir. Là, présent dans le cœur de la ville, pourchassé par les démons aux hautes cheminées arrogantes, il creuse fossé parmi le petit peuple et surplombe d’insolence les malheureux. Lui, s’en fout : il bulle.
Peter au pays de Pan, Lord baille rond à la vie, écrase misère, souffle jeunesse et s’enroule les idées dans le blond éternel de ses cheveux. Il se moque bien de nos lendemains et savonne léger le sérieux insufflé par le bruissement de nos cours.
Et alors, prenez le temps de la bulle, rejoignez-moi, semble-t-il nous dire, à nous, les gueux échevelés de vies secondes. Regardez-moi, je bulle, entrez, retournez à l’essentiel, les yeux ouverts à la découverte, il y a bien plus dans l’éphémère de mes bulles que dans le soyeux présumé de vos existences protégées. Venez éclater en haut des cheminées, allez répandre tout en haut votre fragilité. Ne restez pas à vous regarder dans le blanc graisseux des yeux, savonnez-vous, vivez-vous ! Et si vous éclatez - plop - bullez à nouveau !
Illustration : Izis Bidermanas