La chambre oubliée
17.8.13
C’est par quelques trous que le jour entre. Au travers des vieux volets vermoulus rabattus en clé sur la chambre. Par le vieux bois aux interstices bedonnants, la lumière se fraye un chemin, une lumière refoulée et grise à cause de la réverbération du mur d’en face laissé à l’état brut. Le ciment grossier qui le patine avale la lumière pour la recracher comme mâchonnée de tristesse.
C’est là que le temps passe à deviner dans les nuances de gris la couleur du jour. Les lignes souriantes, celles des après-midi les plus clairs, enduisent la pièce d’une gaieté frelatée. Chaque rai de soleil gonflé par l'envie de luire tape le bord du lit pour rebondir sur la tapisserie à grosses fleurs fanées et finit sa course au creux de la grande armoire vide, se retrouvant ainsi piégé par excès d’orgueil. Les anonymes, les réguliers, ceux que l’on devine dès leur entrée comme des gris insipides se prennent les pieds dans la poussière et disparaissent en fumée avant même d’avoir pu dégager une quelconque clarté. Seul le noir des plus gros nuages arrive à percer la fenêtre pour napper un peu plus de pénombre la chambre oubliée.
C’est là que la vie se trempe dans les ténèbres, pièce réceptacle à solitude et turpitudes. Tout semble rassembler pour broyer le gris, seul admis à passer la fenêtre. Il y fait bon enliser tout cafard boiteux qui n’arrive pas à se dissoudre dans la lumière vive du dehors. C’est là la chambre oubliée, celle qu’on a délaissée parce qu’inusitée. La chambre du petit qui est parti.