Brèves

4.11.13

Brouillamini.

Il avance comme un zombie. S’étonne de nous, les voyageurs. Un hips. Un brouillamini de mots. Et le voilà, titubant, reparti vers d’autres lieux à hanter. Le train. Le bruit. Effacent son passage. Tout le monde l’a remarqué. Déjà personne ne s’en souvient.

Potron-​​minet. 

Je trébuche. Tous les matins, je tré­buche. Placé là sur mon chemin, dès la des­cente du lit, un pied à terre (le gauche tou­jours) et je le vois. Devant moi, prêt à me sauter à la gorge. Je pourrais l’éviter, faire un détour, me levais plus tard ou ne pas me lever du tout. Mais non, il est là, je le vois et ne peux pas l’empêcher de me per­forer. L’angoissant et lumineux scalpel du jour.

Bourrasque intime. 

Il aura hésité. J’aurai hésité. Des yeux qui fuient j’aurai affrontés. Un groupe. Des gens. Il se sera avancé. Comme si. Et puis non. Il aura tourné son attention vers l’autre. Pas vu ma main tendue. Et dans le creux la boule qui cherche la conte­nance. Garder le contrôle. Pour­suivre le geste dans un ample mou­vement. Visage rosi, plonger la main apeurée et faire mine de se recoiffer. Un vent.

Diarrhée verbale. 

Il ne s’en aperçoit pas. C’est ce qu’on se dit dans ces cas-​​là. Ce n’est pas pos­sible. Il ne le voit pas. Ça rassure, ça excuse. Ça le dédouane des mots blancs de sens. Puis c’est le drame. Le mot débraillé qui glisse. La phrase qui n’aboutit pas. Et ban ! La connerie brute. Et de la conver­sation ordi­naire ruis­selle en diarrhée la médiocrité crasse. Gratuite.

Grand vide. 

Elle arrive et elle s’entoure de ses manières. Des manières maintes fois répétées. Des petites manies qui tapent sur les nerfs. Elle glousse face écran, picore des textos, rabâche l’air du dernier morceau pêché sur youtube, pose ses pieds n’importe où, scie le silence par d’agaçants cris juvé­niles. Puis repart pour laisser place à l’harmonie. Et à un grand vide aussi.

Brèves initialement publiées chez Franck Thomas lors des vases communicants d'octobre 2013.

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