La bagarre #VasesCo @boutonnierj

6.11.15

Premier vendredi du mois, jour de vases communicants. Je reçois Julien Boutonnier pour la deuxième fois. En juin 2013, nous avions déjà eu le plaisir d'échanger autour de photos. (http://www.fut-il.net/2013/06/vasescommunicants-boutonnierj.html) Aujourd'hui, Julien et moi vous proposons deux textes avec pour thème La bagarre. Ci-dessous son texte, et ici http://j.mp/CSchezJB le mien.
Liste des autres vases communicants désormais orchestrée par Marie-Noëlle Bertrand est à cette adresse : http://j.mp/vasesco



 La bagarre


Je suis tombé du tabouret. Je me suis levé. Le type s’est levé aussi. Je lui ai mis mon poing dans la gueule. Il est tombé. Je lui ai donné des coups de pied dans la gueule. J’ai vu il y a eu du sang. J’ai pris une chaise sur le crâne. Ça m’a fait m’écrouler. J’ai ouvert les yeux. J’ai vu des types, beaucoup de types, se foutre dessus. Je me suis levé en me tenant la tête. Je suis allé au comptoir. J’ai chopé une bouteille. J’ai bu une rasade du whisky. Je me suis retourné. J’ai foncé dans le tas. J’ai attrapé un type par les cheveux. Je lui ai foutu mon genou dans les dents. Et puis dans le nez. J’ai lâché. Il s’est écroulé. Sa gueule c’était plus grand chose. On m’a foutu un coup de poing dans l’oreille. J’ai valdingué sur deux types. On est tombé. Je me suis relevé. J’avais des sons dans l’oreille. des sons aigus. J’ai pas su qui avait tapé. J’ai foncé sur un gars qui cognait un type au sol. Je l’ai plaqué. J’ai tenu son crâne à deux mains. J’ai mordu l’oreille. il m’a repoussé. L’oreille est restée dans ma bouche. J’ai craché. Le type m’a sauté dessus. Il avait des poings comme des bûches. Il m’a coincé. Il m’a roué de coups dans la gueule. Un type a valdingué. Il a emporté le gars qui me tabassait. Je me suis levé. J’ai trouvé un fond de bouteille. Je l’ai pris. Je l’ai foutu dans la gueule du mec. Il a crié. Il a crié. Je lui ai donné un coup de pied dans la gueule. Il a plus moufté. Je me suis retourné. Il y a eu des types qui tenaient un seul mec. Et un qui lui bourrait le ventre de coups. J’ai foncé sur les types en ouvrant les bras. On est tous tombé. J’ai donné des coups au hasard. J’ai senti deux mains qui m’ont tenu au crâne. Elles ont cogné contre le sol. Ça m’a écrasé le front. J’ai plus vu. J’ai plus entendu. Les mains m’ont lâché. J’ai senti une lame se planter entre mes omoplates. J’ai crié. J’ai crié. Je me suis levé. J’ai pas réussi à enlever la lame. Il y a eu un type qui s’est planté juste devant moi. Un petit type tout sec. Il a eu la gueule en sang. Il a crié. Il a eu les yeux qui brillaient. J’ai vu ses dents elles étaient rouges. Je lui ai mis mon poing dans la gueule. Il s’est écroulé. Je me suis jeté sur lui. Je lui ai démonté la gueule. J’ai senti qu’on remuait le couteau dans mon dos. Ça m’a fait mal. J’ai crié. J’ai crié. Je me suis retourné. Ça a été une femme. Elle a hurlé que j’arrête de taper sur le type. Je l’ai attrapé par les cheveux. Je lui ai éclaté la tronche contre une table. Elle s’est écroulée par terre. Le type il a plus bougé. Il y a eu des détonations. Mon genou a explosé. Je suis tombé. J’ai regardé. C’était un enfant il avait un flingue. Je l’ai insulté. J’ai vu un gars qui lui a pris l’arme. Il a pointé l’arme sur la tête de l’enfant. Il a tiré. Le môme est tombé. J’ai rampé sous une table. Il y a eu d’autres coups de feu et puis une grosse explosion. Je me suis réveillé dans le jour. Il y a eu d’autres types allongés à côté de moi. On a été sur des lits dans un champ. C’était un hôpital qu’on avait installé à la va vite à côté. Il y a eu un gars. Il s’est levé. Il est venu vers moi. Il m’a foutu un coup de poing dans la gueule. Je l’ai attrapé au couilles. J’ai serré de toutes mes forces. Il a crié. J’ai arraché un barreau de la tête de lit. J’allais lui enfoncer dans le ventre quand un type s’est jeté sur nous. Je suis tombé du lit. J’ai distribué les coups au hasard

Julien Boutonnier, oct.2015

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