Morning à la fenêtre S03
25.11.15Un frimas sur l'automne s'installe après un été indien prolongé aux terrasses, le vent dégage le spleen vers le large et emporte ses morts, des matins débitent la gueule de bois, un minet dès potron colle son nez à la vitre, le silence d'hiver joue avec le réverbère et le jasmin agonisant mais fier toise l'hiver.
C'est la troisième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 3. Ça ira de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis une nuit, ça s'arrêtera.
Jeudi 19 novembre
Une bouche à vide Murmure à l’oreille Des persiennes l’en- Vie de nuire au jour Des vivants Nuit de jeûne dans Les rues vides de sens Un réverbère pleure Les fleurs mortes pour Lui plaire |
Vendredi 20 novembre
Le silence enrobe la nuit D’une banne de nues tièdes En rideau d’ombres étirées Jusqu’à la mer où fier s’ourdit Le jour La terre rit du temps d’au- Tomne avec une douceur D’oies blanches à faire pâlir Les plus beaux printemps De plumes |
Samedi 21 novembre
Les étangs de cendres Lampent le vent au goulot Et tirent dans un couloir Vers le large les voix tues De terre Au tombeau des vagues Des cris iront se reposer De la fatigue du monde A la mémoire des corps Souillés |
Dimanche 22 novembre
Par la lucarne bleue Un rose nouveau s’étale Sur un vieux rêve létal Qui souvent but l’eau De vie Le ciel fier en dit long Sur l’aurore saignante De vin passé en bouche Que le jour braye blond Et oublieux |
Lundi 23 novembre
Un minet en robe de moire Colle ses brins de bacantes A la vitre voilée d’une nuit A ne pas laisser un chat noir Dehors La fenêtre s’ouvre à l’ani- Mal félidé aux beaux yeux Doux dans le cuisant d’une Veille aux sanglots longs Du Mali |
Mardi 24 novembre
Un frisson piteux traverse la rue Dans le silence mordu par la Morgue d’un vieux réverbère va- Cillant des paupières comme un Souverain déchu Les rats se terrent aux pieds Du suprême démis tandis Que deux papillons cuits de La nuit virent d’ennui sous son Oeil contrit |
Mercredi 25 novembre
Du grésil tient la rampe Du balcon d’une poigne Serrée d’ombres grasses Las de la nuit sans âmes Ni lune Le jasmin tend au ciel Noir profond d’humeur Sans astres ni fortunes Un long doigt d’honneur A l’hiver |