Les mots qui jaillissent
24.2.16
Tu
ne transiges pas. Tu es là plantée dans tes bottes, à guetter l’instant, à
fureter l’espoir. Tu bois pour te donner le courage, une clairvoyance en
paradoxe. L’alcool défait les couloirs de brume aussi bien qu’il exsude des
pensées confuses. Tu isoles les parasites qui font retourner l’esprit sur
lui-même. La tête vacille, l’acuité redouble. Chaque mot est pesé, chaque
parole enregistrée. C’est du mensonge dont tu as peur. Tu scrutes, empiles,
dissèques, mémorises les mots qui jaillissent. Ma parole est fuite, faite pour
aimer et s’envoler mais le mot pour le mot t’échappe. Tu construis quelque
château en Espagne. Tu évoques des anecdotes et un bruissement de fougères
éveille un cataclysme. Tu t’ouvres et chantes sur les frondaisons - belle, la
fossette en cœur. Et moi, en mélopées sur un gazon désiré, je rêve de ta tête
de panda repu.