M'en fous partout

13.4.16

Une heure de marche avant d’arriver à son pied, chemin escarpé et forte pente, mais dans ses paroles, le plaisir est au bout.
Un plaisir simple par des travées de terre jaune. Les pieds dans les sandalettes glissent sur les cailloux. L’odeur du plein printemps s’aligne sur nos pas. Il faut avancer malgré la chaleur. Son sourire et sa verve balancent une histoire d’antan à chaque tournant. Sa main dans la mienne accompagne mes paroles pauvres et le chemin déroule vite vers l’arbre tant désiré.
Nous arrivons tous prés, la joie dans les oreilles d'entendre les piafs déguerpir. Derrière la barrière, au bout de la vigne, il est haut, il est grand, il est là, à nous attendre.
Je saute et cours sur les derniers mètres, la laissant sur le carreau. Je tourne autour, déplore les éclatées sur la terre, les pourries sur branches, les picorées avec peu de chair. Il faut grimper, aller cueillir les inaccessibles. Les jambes râpent l’écorce chaude à vouloir vite atteindre les plus gorgées. Je les arrache sans queue sous ses remontrances sucrées. Je les presse légèrement entre les doigts pour sentir leurs joues rouges mouiller mes doigts de soleil, puis les gobe une à une, la bouche en éclat de sirop. Ça pègue entre les doigts ! Je m’en fous. Je m’en fous partout, le short taché, le genou écorché. Elle enlève son fichu pour me claquer les fesses avec et me faire redescendre.
_ Tu es trop haut, tu vas te casser la margoulette !
J’obéis, saute depuis la plus haute branche ; une roulade et je file en courant avec le panier plein. Je la sème puis traîne dans le ruisseau. Je ne veux pas rentrer. Je me cache derrière un bosquet pour la surprendre et lorgne sur le chemin ses yeux en colère qui tombent de la colline comme des cerises éclatées.

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