David et Maryse

19.6.16

C’est un silence plombé. Un silence infini parce qu’il n’y a plus de mots pour dire. La parole s’est rétractée comme absorbée par les corps lorsque l’émotion a giflé violente et mordante, si acérée qu’elle a tranché jusqu’à la langue et l’esprit.
David est figé sur sa chaise, le dos vouté par la secousse. Coudes sur les genoux et les mains en coupe, l’homme et le regard fuient cherchant une réponse à l’indicible dans les entrelacs de poussière qui jonchent le parquet. Maryse prie déjà.
Dehors le soleil est haut et bruyant. Il s’écrase sur le toit en faisant craquer les ardoises. Un rayon les traverse par un carreau cassé et, flanqué d’une neige fragile, il vient en parasite se pendre à leur peine. Au fond de la pièce, dans un réduit, la bouilloire siffle. Un gémissement strident et lancinant qui s’empare de la fièvre. Le glapissement de l’eau chaude prête à déborder disperse par son effervescence le peu de raison qu'il leur reste. Leurs sens sont bouillis. Maryse regarde fixement David et dans la piété de l’instant s’encombre d’une compassion inutile. Il n’y a plus rien à faire. Ce qui vient de se passer est irréparable. Aucun retour en arrière n’est possible. David et Maryse le savent. Il n'y a plus que le temps du thé et le sel des larmes – s’ils parviennent à pleurer.

© Alen MacWeeney http://fantomatik75.blogspot.fr/search/label/Alen%20MacWeeney


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