7 variations sur le même thème #3
27.1.17- Sur le chemin un point de soleil entre deux brassées d’air. C’est là que tu tires un souffle auprès d’un arbre éteint. Une buée glisse et se répand sur les bûches du temps. Tu ne bouges pas, un voile t’avale. De toi plus personne ne sait rien. Tu te confonds, tu es l’air, tu es l’eau. La rivière court après ton précipité bleu. Je te suis.
- Un mirage dans son flottement te sert de masque. Tu marches à blanc. Ton corps se tord dans le reflet au ras de la terre. Une détrempe de clair et de sombre, et la volupté nous échappe. Dans le deuil des espaces et des mots, au-delà de la raison, ton corps cherche le décor.
- On sait le monde violent et beau. La souffrance comme faisant partie de l’existence. On sait aussi la chaleur des puissants qui la couve. Mais dans l'âpreté du soleil sur ta nuque, j’ai la patience dans le cœur et l’utopie solide. Sur l’éclat dans ton cou, je vois un espoir sourire à nos luttes.
- Je ne sais pas ce qui apaise ton corps. Ce qui d’une rosée calme tes déserts, t’accorde le repos après la fatigue. Je ne sais pas d’où vient le goût de terre dans ta bouche, ni comment dans tes veines coule la sève de tous les arbres. Je ne sais rien, alors je me cache en toi comme au milieu d’un bois. J’attends une clairière.
- La table est mise près du chêne. Les convives s’étonnent de la peau qui recouvre nos yeux. Assis dans l’herbe ils taillent notre écorce au couteau. On est seuls à voir l’entaille saigner. Eux ils perdent la vue sur nos paupières closes. Les escarres du temps ne sont pas pour nous. Sous l’arbre rien ne peut nous blesser.
- Dans les taillis, souffle un vent qui affole les mouches. Un bataillon d’insectes se range à tes côtés. Ballotés par le grain, ils préfèrent ton maquis : ta chevelure ébouriffée où j’aime aussi me perdre. Ils y trouvent la paix, libérés des bourrasques. Pourtant moi je sais la tempête proche. Lorsque nos lentes viendront s’endormir pour pondre.
- L’averse a renflé le dedans. Comme une éponge tu bois l’eau. La garde enfouie, un surplus dans ton corps dont tu t’abreuves. Jamais ne dégorge cette eau tombée d’un ciel qu’on ne voit plus. Ton âme a besoin que l’eau circule, qu’aucun nuage ne se forme, que tout coule comme cette pluie que tu fais tienne. Je voudrais pleuvoir.