7 variations sur le même thème #1
17.1.17- Sur la peau du temps, traînent des mensonges. A la table des pensées, viennent des paroles du plus haut lieu des songes. Des mots dirigés qui écartent de la clairvoyance.Mais ce soir, quelque aïeul vit en nous, quelque ange qui nous connaît mieux que nous. Quelque fantôme qui tait nos erreurs en tirant la vérité nue. Celle-là même qui est tenue pour mystification.
- Le vent en tombant sonne le glas. Une danse folle entre les arbres, l’ultime chaos avant le grand saut, nous intime d’attendre l’oracle. Dans le sillage de nos bouches coule la vie en rémission. Du haut des tours jusqu’à la cime de notre amour, le silence s’accroche aux frondaisons comme nos mains sur nos tailles. Le temps est venu pour nos angelots assis à la table du diable de tirer la mort par la queue.
- J’ai pris du retard sur tes allées et venues, sur tes colères et tes griefs malvenus. Tu m’as heurté au ventre quand l’espoir d’être ne tient plus qu’à un fil. Car tu es le fil, celui qui réconcilie les mailles à l’endroit, les mailles à l’envers. Repose-toi, assieds-toi à ma table et cesse de ressembler à un ange qui a embrassé le diable.
- Tu as roulé sur la table, pris le parti d’en rire. La convulsion sévère de tes membres, le tremblement de ta voix et la bave autour de ta bouche sont autant de possessions mystérieuses. Qui te tient par le bras quand tu chantes d’une voix irréelle ? Qui te tourne le dos lorsque tes yeux quittent leurs orbites ? Qui se frotte à toi pour que tu éprouves autant de répulsions ? Ta chanson sort de ton hymen. Je ne suis pas loin de penser que je suis ton démon.
- La mort nous a pris dans ses longs cheveux noirs. Elle nous regarde dans le blanc des yeux où se reflète une flamme qui s’étouffe. Nous sommes seuls près d’un grand arbre aux branches décaties. Le feu est passé, nous respirons ses cendres. Notre amour en est-il pour autant déchu ? Assis en tailleur au pied de la camarde, nos cœurs se jouent de la secousse. Tu roules, je conduis, les yeux fermés, l’horizon n’existe plus. Rien ici loin ne peut nous empêcher d’y croire.
- Tu as collé tes lèvres à la vitre gelée. Ta bouche a épousé le froid comme le ferait un châle noué autour de ton cou. La buée a disparu entre mille éclats de vide sur la surface oubliée du temps. Sur la vitre, un calque ourlé de tes lèvres a ouvert un chemin vers le large. Dans la gerçure, une destination inconnue. Sur ta peau, j’ai senti ce frémissement qui ne t’appartient pas. J’ai posé ma bouche sur les traces de la tienne pour nous protéger du temps qui nous sépare.
- C’est un monde fou qui s’est ouvert devant nous. Un monde avec un poignard à la main. Une boucle de mots taillés dans la masse de nos vies. Infini. Nos ventres ne tiennent plus, se tordent dans des torrents de douleurs diffuses. La répétition est fluide mais vaincus, nous sombrons dans la folie. Or il n’y a d’autre folie que toi.