7 variations sur le même thème #4
7.2.17- Au bord de toi, je garde un pied sur la ligne, l’autre dans le vide. Un vertige me saisit dès que ton âme se désaxe. Je reste en rotation, pris dans l’attraction d’un désastre. Ta plainte est un pic, ta langue une corde lisse et je tombe dans un abîme de chair. Tu es la queue d’une comète, un corps céleste à bout de souffle. Je suis ton massage cardiaque.
- Dans la nuit saoule où titube une lune frelatée, tu engages ton corps à la vitesse de la lumière. Portée à incandescence, tu oublies la décence pour te donner comme s’offre la proie à son monstre. Mais lorsque le jour naît, le vertige meurt et laisse place au mirage. La lumière crue qui enflait ton cœur d’un fabuleux geyser s’éteint. Les heures tombent et disloquent le réel. Par trop d’étreintes à ton phantasme, l’apesanteur leste l’amour à une chimère.
- Fiévreuse, tu laisses le fardeau du monde s’engouffrer dans ton ventre. Le temps d’une large bande recouvre ton corps et creuse des failles, de petites plaies en forme de planètes. Une glèbe ocre dessine l’univers de ta peau, accueille son peuple de lait caillé. Chaque ride à ton visage est une nouvelle frontière qu’il te faut franchir à l’aide d’un chagrin. D’en haut, je te cartographie, je suis un ballon voyageur au-dessus de tes plaines, au sommet de tes montagnes – un zeppelin qui masque la douleur.
- Ta respiration est une décharge. Un congé des mots. Quand plus rien ne peut se dire, un soupir crée une ponctuation. Un cadratin dans l’air prochain qui donne l’incise à nos souffles. Mon seul recours est de conjuguer un verbe à nos corps – à une impérative distance, allons !
- Je crois au silence qui ouvre. Propulsé dans le vide où l’écho ne souille plus les mots, je crois à l’inspiration des non-dits, à ce qu’ils secouent en nous d’incertitude. Dans un univers sans écrits, sans cris, ni langues pour les pendre, tu deviens la parole de mes silences – mon fidèle doute.
- Six pieds sous terre, nous n’aurons de cesse de croire au ciel. Corps réunis dans un monde de murmures, nous serons des poussières à souffler pour oublier la perte. Âmes parmi les âmes, chaque cendre sera une étoile à embraser. Sous la stèle, tu seras le feu, je serai le tison. Feux follets pour tous ceux qui croient aimer.
- Au plus loin des lignes, l’horizon se confond avec la mer. La limite est sans cesse repoussée à une mémoire perdue. La rupture du ciel est un mensonge et l’absoudre nous plonge dans le creux d’un univers sans frontière. Alors plus rien ne pèse que tes yeux dans mes yeux, que ta main dans ma main, que ce châle infini recouvrant nos tourments. Il n’y a d’autre corps sensible que le nôtre.