7 variations sur le même thème #9
24.3.17- Dans quelle couleur nous ranger ? Avec quelle couleur nous mordre ? A sang partagé, s’éprendre de la colère ou tendre vers une nuance plus sobre, un brouillamini gris perle semblable à la couleur des murs où sèchent nos misères. Tu vois, on se perd à trop vouloir vivre dans le grand éventail des couleurs, à trop chercher nos mines vives. Nous restons, toi contre moi, de trop lasse tristesse pour se donner la couleur d’un Nous.
- Le noir nous va. Le noir comme inspiration, le noir comme libération. Le noir absolu où tout est en devenir, tout s’écoute, tout s’invente. Comme au plus épais d’une forêt, comme au plus profond des gouffres, notre regard éclairera le noir, ignorera les couleurs qui rongent.
- Entre éclair et tonnerre, le trouble nous enserre. La couleur d’avant l’orage est la riposte à nos préludes agités. C’est une couleur vive et tranchante, un lux venu des enfers. Une note qui élève le désir, une passe d’âmes qui peint le portrait de la mort. On fera l’amour au premier coup de foudre.
- A l’écoute du sensible, nous sommes des couleurs sur le chemin. A la bascule des saisons, nous buvons les idées noires de l’équinoxe. Au chagrin qui nous tient dans son ombre, on oppose le sémillant de nos corps. Pourtant on reste étrangers au manège des brumes, comme un espoir égaré au carrefour des lunes.
- On croit trouver la couleur chaude, découvrir en son sein le pouvoir d’y vivre. Et il suffit d’un pas en arrière pour que notre propre ombre fasse basculer les rives chromatiques. Envolée la chaleur du foyer, disparue l’osmose ardente, perdus que nous sommes dans le bleu glacé d’un lac sans berge.
- Je regarde le soleil et cette infinité de pigments dans mes yeux me renseigne sur la cécité de la vie ; incapable que je suis de déterminer si cette nuée de couleurs, tu la vois comme je la vois. Le temps de se poser la question et ma vue s’éclaircit. Plus rien. Où va se nicher la beauté lorsqu’elle n’est pas partagée ?
- On choisira des couleurs sur un nuancier. Pour la chambre, on préférera le bleu. Un bleu ciel pour les murs avec un liseré blanc comme ligne d’horizon. Une ligne pour suivre notre histoire, tirer nos bleus du chaos de la nuit. Le liseré fera le tour de la pièce, cernera nos démons ordinaires. Mais le récit souffrira. Mais du mur le récit finira par écailler la peinture. Le bleu deviendra fièvre, le liséré blanc garrot à nos gorges.