Inéquations

2.9.17

Tu repasses dans ta tête tous les théorèmes du monde. Tout ce qui régit l’existence et que tu ne comprends pas.
Ce soir, une fois de plus, il y a un ciel d’orage qui étouffe toute réflexion et ranime des équations électriques pour lesquelles tu ne trouveras jamais de solution.
Alors, tu sors dans le soir plein de lourdes constantes. D’abord, le vieux chien du voisin qui te grogne dès qu’il te voit. Dix ans que tu le croises ce clebs à poils ras. Il te connaît mais continue à vouloir sauter le grillage pour te mordre. Ensuite, il y a le trottoir et son pavé manquant que tu évites en descendant sur la route. Ce trou sur ton passage que personne ne veut remplir. 
Tu descends la rue vers le parc où tu as tes habitudes. Tu franchis le portail pour y accéder, haut et lourd avec son immuable grincement de ferrailles lorsque tu le pousses d’un même effort, d'une même lassitude, sans comprendre pourquoi on ne le laisse pas grand ouvert en permanence. Puis, tu rejoins la mare au centre du jardin à la française et ton banc où tu t’assoies pour ruminer quelque algèbre de la vie. Tu regardes les buissons autour taillés en forme de points d’interrogations et dans l’eau traversée de carpes, le reflet noir de ton visage et de toutes tes questions.

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