Barricade de rires

22.2.19

Tu éloignes la pensée de la mort, la pousses hors de nous. Chaque fois qu’elle pointe le bout de sa faux, tu dresses des barricades de rires, véritable barrière de dents blanches rescapées de nos vieillesses. La mort ne passera pas, dis-tu. Tant que nous saurons rire, elle ne passera pas. Nous savons tous les deux qu’il n’en est rien. Qu’on a beau brandir comme des drapeaux blancs nos joies à bout de rêves, la mort est en nous depuis longtemps, paresseuse tant qu’on la tient en respect mais bien présente, machiavélique et silencieuse.
Alors quand au bord d’un sourire forcé, elle nous pousse jusqu’au frisson ou lorsqu’un silence trop long cède la place au grand fond, tu te laisses aller à pleurer, fatiguée par tant de bonheur à opposer. Dans ces moment-là, je me tais et te tends la main, non pas pour que tu la saisisses dans un geste de communion, mais pour que tu vois que, malgré tout, ma main, mon bras, mon corps feront toujours barrage.

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