L’homme de peu I
23.12.21I
Ton œil file sous la paupière,
une fatigue éteint ton regard.
Rien ne bouge dans la chambre,
seule ton ombre attend un geste,
de ta part, un mouvement,
une grâce à qui répondre :
tu existes encore sur le toit
où l’oiseau espère l’appel du matin.
Celui que tu ne siffles plus
depuis que tu as sombré loin
des toits et des oiseaux
des chants et des champs
depuis que la fièvre t’enferme,
depuis que l’hiver a ôté
de ta tête ce feutre lie-de-vin
qui protégeait du mauvais jour.
Ton front a pris l’eau,
la sueur a coulé sur ton visage,
laissant l’aube suppurer
son goût de beurre rance.
Ta nausée est un lait caillé
dont la couche ne se perce plus.
Plus de langue pour goûter
la vie au seul lieu où tu te tiens :
une chambre aux murs de douleur.