L'homme de peu II

24.12.21

II 

Tu es toujours l’homme de peu,
celui qui vit dans la combe du jour,
dans les fourrés où glapit la hase,
dans les ruisseaux où coule la boue.

Un bol d’argile dans les poumons,
fait vibrer ta pomme d’Adam.
Tu déglutis sans cesse la peine
que la montagne garde dans ton creux.

Tu lui tends ton silence 
à coups de pioches dans les reins.
A vouloir l’étreindre sans cesse,
tu la meurtris, tu te meurtris. 

Ton chagrin passe sur les cimes,
ne survit que l’écho du souffle
à jamais ronflant de ta voix
comme un souvenir par les vents.

De vallée en vallée, on l’entend
s’égosiller de ta fatigue d’homme,
pleurer sur les pentes longues
ce qui reste de ta pâle rumeur.

Une plainte que peu écoutent,
seul l’errant en suit la trace
dans les bois, sous les fougères
dans la foule des animaux.

La montagne a ton visage triste.

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