L'homme de peu XI
8.1.22XI
Tu remontes du gouffre
à l’aide de bribes d’instants,
nœuds fixés sur la corde
comme autant de boucles
à démêler pour raconter
l’histoire d’une existence
masquée par la pudeur.
Il faut libérer ton langage,
celui qui fut mal logé
dans ta bouche atrophiée,
rompue à la mécanique
des mots automatiques.
Faire lac des petites mares
au creux de ton ventre,
toucher le fond de ta pensée
restée sans langue pour dire,
empêchée par la tâche
d’être toujours cet homme
à qui l’on ne réclamait
que force et courage.
User la corde pour savoir
où se cache l’interdit originel,
la cause liminaire de la misère,
le premier collet qui t’a étranglé
te laissant à jamais la gorge serrée.