La femme au balcon XVI

19.2.22

Il n’y a plus que des histoires de balcon avec des femmes posées dessus. Des ombres tournent autour, sortes d’ectoplasmes de voisins voyeurs. Des cigarettes se fument par milliers et forment des tas immenses de mégots dégoulinant des balcons pour se répandre dans la rue. Plus personne ne peut y circuler. De grands embouteillages apparaissent partout dans la ville, les services de la voirie sont débordés, impossible de tout dégager. On assiste à un grand chaos fomenté par les femmes au balcon. Blocus total de la ville, des gens meurent étouffés sous des tonnes de cendres de cigarettes. Les femmes rient à leurs balcons, d’un rire épais et guttural qui envahit la ville pour ne former qu’un seul et même éclat de rire terrifiant. 
Seule ma voisine continue à être un peu triste face à son écran de téléphone, absente aux autres, de profil comme tombée dans un trou de sourire*.
Puis, je me réveille.

* l’expression est de Georges Perros. Enfin, il me semble. Lue, je ne sais plus où ni quand.

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