La femme au balcon XVIII

23.2.22

Dire qu’il y a des gens qui vivent dans des logements sans vis-à-vis. Je les plains, vraiment. Ils habitent toute l’année dans un pavillon sans aucune vue sur leurs voisins, isolés du monde par de grands pans de pelouse terminés par des clôtures totalement hermétiques. Pauvres gens. Il en existe même, paraît-il, qui vivent ainsi en pleine campagne. En plus de n’avoir aucune vue sur le voisinage, il faut qu’ils composent avec le calme dévolu à de telles contrées : le calme, c’est état issu du silence. Quelle horreur ! Quelle angoisse ! Pas de voiture, pas de cris. Rien. Le vide. Aucun divertissement sonore si ce n’est le chant d’un coq ou le pépiement de quelque oiseau autochtone ; pas de ballets de klaxons ni d’animations à base de vitres ouvertes et d’autoradios à volume maximum. Rien. Un silence écrasant et la vision sur son prochain complètement occultée. Le plus invraisemblable reste que ces gens-là ne disposent d’aucun balcon à proximité et donc d’aucune femme installée dessus pour fumer. Vraiment, ça ne doit pas être facile tous les jours.
Heureusement, je suis chanceux. Je vis en ville avec vue sur multiples balcons et bruit constant. Oui, je suis très chanceux même si elle n’est toujours pas revenue.

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