La femme au balcon XXIX

19.3.22

Il y a sur la vitre un coeur dessiné. Un cœur dessiné par un enfant au feutre rouge. Ton fils ou ta fille. Son anniversaire. Un jour particulier où tu auras tout bien préparé. Proposé à tes enfants de décorer l’appartement, guirlandes et ballons de baudruche un peu partout dans le salon. Dans la cuisine, des dessins pour relever la tristesse des vieux murs. Sur les tables des assiettes en carton avec des confiseries, mille couleurs, des boissons à l’orange, au citron, de belles bulles qui piquent dans du champagne pour de faux. Prévu de la musique, plein, pour de vrai danser. Puis, tu auras proposé qu’on décore les fenêtres, fleurs dans les rideaux et cœurs sur les vitres. Il y aura eu copines et copains, cris et joie mêlés autour des cadeaux. Tu auras eu les yeux un peu humides au moment de la photo, ton grand, ta grande, déjà plus un bébé. La fête aura été belle pour célébrer quoi, cinq ou six ans, peut-être un peu plus, de la vie de ton enfant. 
Il y a sur la vitre un coeur dessiné. Un vieux coeur au rouge passé qui se voit depuis ma fenêtre. Il est là depuis la fête, délavé par le soleil et mille poussières du temps. Mais il s’accroche, seul survivant à témoigner.
Tu penses souvent à cette fête, quand tu viens fumer sur le balcon, les yeux un peu mouillés.



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