Chère application - 15 juillet

15.7.22

Chère application,

Vendredi 15 juillet. J’écoute ce matin François Bon dans sa série de très courtes vidéos intitulée « Histoire de la littérature ». Passent ici, sur Instagram mais aussi Tik Tok toutes sortes d’anecdotes sur nos grands écrivains. Allez écouter, allez voir, Bon est devenu notre père Fouras de la littérature.
Aujourd’hui, Blaise Cendrars déchire ses livres pendant ses voyages, dix quinze pages qu’il glisse dans la boîte à gants de son auto pour ne pas s’encombrer du livre entier. 

Vendredi 15 juillet. Évidemment, déchirer les pages d’un livre peut apparaître comme un sacrilège mais on peut aussi l’envisager comme une appropriation du texte, un marqueur dans le temps qui fera ressortir ces pages lues, les ancrera dans la mémoire. On découpe bien virtuellement des pages en les photographiant pour les poster ici ou ailleurs. Souvent d’un livre il ne me reste que les extraits ainsi mis en partage sur les réseaux. Cendrars faisait la même chose : quinze pages volées pour mieux se les approprier. Les coller, les lire sur la peau même du monde, dit François Bon. 

Vendredi 15 juillet. 
« Et alors, j'ai pris feu dans ma solitude car écrire c'est se consumer.
L'écriture est un incendie qui embrase un grand remue-ménage d'idées et qui fait flamboyer des associations d'images avant de les réduire en braises crépitantes et en cendres retombantes.
Mais si la flamme déclenche l'alerte, la spontanéité du feu reste mystérieuse. Car écrire c'est brûler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres. »
(Blaise Cendrars, Lettre à Edouard Peisson, Aix-en-Provence le 21 août 1943)

À demain, chère application.

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