10 minutes, rue de la République
21.11.22Au musée, un tableau discret
regarde les tapageurs,
les grandes surfaces
et les installations d’art moderne.
Le tableau est triste.
Le tableau se sent laid.
Les autres le trouvent laid.
Je le sens bien.
Il est triste mais pas laid.
Il est pesant à regarder.
Il accroche au sol
soupèse, toise l’âme.
Mon œil est vissé sur la toile.
Son œil est vissé sur le mien.
Il parle de douleur
de cauchemar.
Il dit le cri et le froid.
Il jette dans la salle
la cruauté majuscule,
l’intolérable, l’inimaginable.
Il est un fantôme.
Le mien, le nôtre.
Il n’est pas le dernier.
regarde les tapageurs,
les grandes surfaces
et les installations d’art moderne.
Le tableau est triste.
Le tableau se sent laid.
Les autres le trouvent laid.
Je le sens bien.
Il est triste mais pas laid.
Il est pesant à regarder.
Il accroche au sol
soupèse, toise l’âme.
Mon œil est vissé sur la toile.
Son œil est vissé sur le mien.
Il parle de douleur
de cauchemar.
Il dit le cri et le froid.
Il jette dans la salle
la cruauté majuscule,
l’intolérable, l’inimaginable.
Il est un fantôme.
Le mien, le nôtre.
Il n’est pas le dernier.
ZORAN MUSIC
(Slovénie,1909-Italie, 2005)
Nous ne sommes pas les derniers 1974
Acrylique sur toile / Acrylic on canvas
Collection du Museo de la Solidaridad Salvador Allende, Santiago de Chile
Zoran Music est arrêté par la Gestapo à Venise en 1944, accusé de faire partie d'un réseau antinazi.
Il est enfermé à Dachau en tant qu'ennemi politique. En 1945, un séjour à l'infirmerie du camp est l'occasion pour lui de dessiner, malgré les risques. C'est le seul témoignage dessiné d'un artiste enfermé dans les camps. A partir de 1970, Music entame une série intitulée « Nous ne sommes pas les derniers », qui fait resurgir son expérience des camps. Cette série perdure jusqu'en 1987, les toiles de Music alternant alors également autoportraits et paysages. Les toiles sont souvent non apprêtées, renforçant la sensation d'un surgissement fantomatique.