Au bistrot de Jeannot
17.2.23Je suis au bistrot de Jeannot
Y a le Marcel puis le Robert
Arrimés au comptoir comme
Deux esquifs au port
Un jour de tempête
Y a des coupelles de cahouètes
qui trempent dans l’eau croupie
Des cendriers jaunes en triangle
Avec Ricard inscrit autour
De la fumée jusque dans les oreilles
Michel Sardou dans le juke-box
Et Marcel et Robert, ces baltringues
Qui tanguent sur les tabourets
Avec leurs taches rouges dans les yeux
Leurs haleines d’alligators
Leurs cancers pliés entre les dents
Y a aussi des olives noires toutes fripées
Et des salades plein leurs bouches
À Marcel à Robert, à toi à moi
À qui dira la plus grosse connerie
Je dénoyaute des souvenirs
Peinard en butant le flipper
Celui à afficheurs à rouleaux
Avec le chanteur de Kiss au milieu
Qui tire sa longue langue
Je suis là, décontracté du gland
Quand ça me fait tilt dans la tête :
Tant que je suis au bistrot de Jeannot
À claquer les extra-balles du souvenir
Le Marcel le Robert sont pas vraiment morts